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des obligations, — créent, par exemple, un courant habituel d’effets entre l’Angleterre et la France. Dans toute liasse de billets de commerce, on en rencontre quelques-uns tirés pour le remboursement des frets. Il est des pays dont l’industrie maritime est développée, et qui possèdent peu de produits exportables. En Suède et en Norvège, dans les remises à faire à l’étranger, on ne trouve guère que des effets émis pour la vente du bois ou pour le paiement du fret à solder aux navires de ces deux états. Leurs importations sont entravées par la difficulté d’envoyer « des signatures de premier ordre. » L’Inde et la Chine expédient des articles d’une grande, valeur, dont l’envoi sur les marchés de consommation du monde exige un capital considérable. Aussi les affaires se concentrent-elles entre les mains, de ; quelques maisons très puissantes et très riches, et les effets, généralement très bons, sont tirés par grosses sommes, par centaines de mille francs, sur des maisons d’Europe de première classe. L’importance de chaque négociation et la longueur de crédit que la distance rend nécessaire exigent de grandes précautions, et ne permettent de tirer que sur des personnes d’une solvabilité parfaitement reconnue. Il en est autrement des remises du continent vis-à-vis de l’Angleterre. La fréquence des transactions et la facilité des communications multiplient les titres de forme variée, qui descendent jusqu’à de faibles sommes ; ces effets représentent des transactions de détail aussi bien que les grandes opérations des marchands et des banquiers. Chaque bordereau du continent reçu par un négociant de Londres, pour une valeur de 10 ou 20,000 livres sterling renferme des traites de voyageurs, des effets tirés pour vente de bétail, d’œufs et de beurre, de jouets allemands, d’objets de fantaisie de France, de vins, de fruits, de légumes. A côté de noms connus et considérables, on y rencontre une véritable mêlée de personnes d’une position modeste engagées dans toute sorte d’affaires secondaires, de petits boutiquiers, de marchandes de modes, d’agens difficiles à classer. Les traites américaines ressemblent à celles de l’Inde : tirées généralement pour vente de coton, elles représentent de grosses valeurs ; mais les opérations entre New-York et Liverpool sont plus faciles à engager et beaucoup plus rapides à conduire que celles entre Londres et la Chine ; aussi voit-on figurer parmi les obligés beaucoup de commerçans peu connus à côté des noms les plus considérables.

En dehors de ces opérations directes, résultat d’un engagement ordinaire entre le tireur et l’accepteur, se trouvent des effets qui représentent une dette au profit du tireur, dette contractée par un tiers qui habite un pays différent. L’accepteur ne représente alors qu’un simple intermédiaire qui facilite le paiement. Ainsi les thés