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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/697

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gine et ses élémens à la première. Le nom de Pythagore est connu dans l’Europe entière, Euclide passe encore pour le plus grand géomètre qui ait été, Aristote est le père des sciences d’observation et le premier qui ait préconisé l’analyse. Quant au moyen âge, il a été une période de repos entre la science hellénique et la science moderne. Si l’on remonte plus haut dans le passé, on rencontre au-delà de Solon et de ceux qu’on a nommés les sages, c’est-à-dire les savans, une autre période de repos dont il est impossible de fixer historiquement la durée. Elle répond à la formation des sociétés helléniques, comme notre moyen âge est la période d’incubation des sociétés modernes. Elle avait elle-même été précédée dans la race aryenne d’un travail d’esprit très actif et très fécond dont les grands textes sacrés de l’Asie sont les derniers monumens. Ces textes sont sacrés parce qu’ils ont été la base de l’institution religieuse, mais ils sont en même temps des textes scientifiques au même titre que ceux de Platon, parce qu’ils renferment la théorie qui a précédé la période hellénique de la science et parce qu’eux-mêmes proclament en cent endroits qu’ils contiennent la science. Quand on songe que cette théorie fut obtenue par nos ancêtres au moyen des mêmes méthodes que nous employons encore aujourd’hui, il devient manifeste que la partie théorique de la religion primordiale représente toute la science des Aryas telle qu’elle fut dans ces anciens temps, et que par conséquent la religion est la première forme de la science. Si l’on compare la science moderne à celle des anciens Hellènes, on voit que ce qui a manqué à ces derniers, ç’a été uniquement ce degré supérieur d’analyse et ces procédés analytiques que nous possédons. D’un autre côté, que l’on compare la science hellénique avec celle qui est contenue dans le Véda et dans l’Avesta, on se convaincra bientôt que la première est à son tour beaucoup plus analytique que la seconde, et qu’il y a entre elles le même rapport qu’entre la grecque et la moderne.

Voilà donc encore une loi très simple du développement de l’esprit humain, loi qui ressort manifestement de l’étude comparée des religions et des sciences. Les unes et les autres ont un élément commun, qui est la méthode, et cette méthode n’est que l’application régulière de l’intelligence à son objet. La différence vient de ce que les procédés dont cette méthode a fait usage ont été de plus en plus analytiques. Prise telle qu’elle est dans les livres sacrés de l’Asie, la théorie de l’univers se présente sous la forme d’une synthèse définitive ; mais, si l’on étudie les élémens de cette théorie, les noms des dieux, leur nature, leur signification, celle des symboles et la valeur des rites, et si l’on recueille d’autre part les