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qués un des derniers représentans de l’école qu’on a nommée éclectique et qui se rattache surtout à Descartes. Cette école serait bien mieux nommée psychologique, puisqu’elle s’est principalement occupée de notre âme et de l’observation de ses phénomènes. Elle a appliqué à cet ordre de faits une méthode très parfaite et d’excellens procédés d’analyse. Par des études assidues et bien conduites, elle a su marquer à chaque fait de conscience sa place dans l’ensemble de la pensée, le réduire à ses élémens, comparer ces élémens entre eux et faire sur cet ordre d’objets qui paraissaient à peine comporter quelque degré d’exactitude dans l’analyse un classement qui ne le cède en rien à ceux de la botanique et de la zoologie. De plus, comme la pensée est une des manifestations de la vie, ses phénomènes sont soumis aux lois de la vie, c’est-à-dire à la naissance, au développement, à la reproduction et à la destruction. Il a donc été possible d’en suivre les transformations, et l’on a vu que toute la pensée se ramène à trois formes élémentaires, qui sont le plaisir, l’idée et l’acte. Les philosophes allemands, qui ont creusé plus que nous ces questions, ont été plus loin, et ont cru pouvoir ramener le plaisir et l’acte à l’idée et considérer celle-ci comme le phénomène initial complet et unique dont la pensée tout entière n’est que le développement. Si cette vue venait à être scientifiquement confirmée, la psychologie aurait atteint l’unité morphologique comme la physiologie. Nous ne faisons que constater cette tendance, car la psychologie, telle qu’elle est entendue chez nous, est tenue dans des limites trop étroites par la prétendue méthode cartésienne. Ce n’est pas de l’Arya seulement, et encore pris dans son état adulte et parfait, qu’il faut étudier la pensée, il faut observer aussi celle des races humaines inférieures, puis celle des animaux supérieurs; enfin de proche en proche les fonctions des âmes ont besoin d’être analysées comme celles des corps jusque dans leurs manifestations les plus infimes. Voilà le domaine vrai de la psychologie; il embrasse tout ce qui vit, et, de même que le physiologiste voit toutes les formes sensibles de la vie sortir de la cellule, le psychologue peut aussi chercher la forme la plus élémentaire dont la pensée la plus parfaite n’est que le développement. C’est ce qu’a tenté Aristote dans son Traité de l’Ame et ce qu’ont fait après lui les philosophes de la Grèce; mais ils n’avaient pas les procédés d’analyse dont nous disposons aujourd’hui, et notre science peut être plus démonstrative que la leur.

L’union de la vie et de la pensée et l’unité de leur principe ont été dès le temps du Véda le fondement de la doctrine religieuse. La théorie d’Aristote roule tout entière sur cette même notion, à laquelle la philosophie alexandrine a donné son développement métaphy-