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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/775

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mens étaient défendus en Slesvig, on les encourageait en Holstein, où les droits du prétendant étaient ouvertement proclamés. L’acte du 14 août 1865 séparait les deux administrations sans préjudice des droits réciproques sur la totalité des duchés. La Prusse s’était déjà plainte au cabinet de Vienne, et les rapports s’étaient aigris; une réunion tenue à Altona et où intervinrent des membres du National Verein parut à Berlin dépasser la mesure, et l’on se décida pour une réclamation plus énergique.

Le 25 janvier 1866, M. de Bismarck adressait à M. de Werther, ministre de Prusse à Vienne, une dépêche où il exposait tous les griefs de son gouvernement contre l’Autriche à propos de sa conduite en Holstein et à Francfort. Il lui reprochait d’être ouvertement hostile à la Prusse, de méconnaître la convention de Gastein et d’encourager par ses menées des tendances évidemment révolutionnaires. « Une réponse négative ou évasive, disait-il, nous donnerait la conviction que le gouvernement impérial n’entend pas suivre une voie commune avec nous. » Une copie de cette dépêche fut remise au comte de Mensdorff. L’empereur d’Autriche était alors à Pesth pour l’ouverture de la diète hongroise. Tous les ministres furent convoqués, et le 7 février M. de Mensdorff adressait au comte Karolyi, le ministre d’Autriche à Berlin, une dépêche où il répondait à la note prussienne en la discutant point par point. Il déclarait que le cabinet impérial s’était abstenu de tout acte de nature à préjuger le point essentiel du débat; mais, disait-il, c’est la possession provisoire et non la propriété des duchés que l’on a partagée à Gastein. Le gouvernement autrichien n’est soumis à aucun contrôle en Holstein; il ne prétend en exercer aucun en Slesvig, bien que la conduite qui y est tenue ait manifestement pour but de préparer une annexion. Il protestait contre le reproche de favoriser la révolution. « Loin de vouloir former une coalition contre la Prusse, ajoutait M. de Mensdorff, nous avons fait passer nos relations avec les états secondaires après l’alliance de la Prusse. »

M. de Bismarck considéra cette réponse comme négative. Il déclara au comte Karolyi qu’il s’abstiendrait à l’avenir de toute communication au sujet des duchés. Il cessa de se plaindre en effet; mais le 2 mars il dit à une députation de la noblesse holsteinoise demandant l’union à la Prusse que le gouvernement du roi ferait tous ses efforts pour la réaliser. Quelques jours après, le 13, un édit royal publié dans le Slesvig déclara passible des peines les plus sévères quiconque, par actes ou paroles, porterait atteinte aux droits de souveraineté du roi et de l’empereur dans l’un des duchés. Ce fut au tour de l’Autriche de s’émouvoir et de réclamer. Elle fit demander à Berlin si l’on avait l’intention de rompre vio-