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Les états secondaires s’agitaient en vain pour amener une détente de la situation. Ils avaient à Augsbourg pris la résolution de ne rien décider au sujet de la proposition du 9 avril avant de mieux connaître les intentions de la Prusse. Après s’y être refusé longtemps, M. de Bismarck finit par communiquer à la commission des 9 des indications générales sur la réforme qu’il méditait; mais dans l’état des choses cette question était reléguée au second plan. Les troupes prussiennes se massaient aux frontières, et le rapprochement des deux armées créait un danger immédiat auquel il fallait parer. Les ministres de la plupart des états moyens[1] se réunirent de nouveau à Bamberg, et s’entendirent pour présenter le 19 à la diète une motion d’après laquelle tous les membres de la confédération devaient être invités à déclarer si et à quelles conditions ils étaient prêts à se remettre simultanément sur le pied de paix, et cela à partir d’un jour fixé par la diète. La motion fut votée à l’unanimité le 24; mais, chacun protestant qu’il n’armait que pour sa défense et se déclarant prêt à désarmer aussitôt que les autres gouvernemens feraient de même, la résolution ne pouvait avoir de suites. L’envoyé de la Prusse insista pour la prompte convocation d’un parlement, seul moyen, selon lui, de résoudre le conflit. C’était en quelque sorte une réponse aux députés allemands qui venaient de se réunir à Francfort[2] pour demander la neutralité des états moyens et la convocation d’un parlement d’après la loi de 1849. Le gouvernement qui faisait ainsi ouvertement appel au parti unitaire était le même pourtant qui le 26 janvier reprochait à l’Autriche ses tendances révolutionnaires et ses complaisances pour le comité des 36. Dans sa déclaration, M. de Savigny, très sévère pour les auteurs de la motion, n’avait pas dit un mot de la Bavière, bien qu’il n’y eût aucune raison d’apprécier sa conduite autrement que celle des autres gouvernemens. On la ménageait évidemment. Le Wurtemberg au contraire avait été sommé de s’expliquer sur ses arméniens. Sa réponse fut comme celle de la Saxe : il avait armé pour se défendre et exécuter au besoin ses devoirs fédéraux. Quant au Hanovre, son vote irrita tout spécialement la Prusse; on était en effet entré en pourparlers avec lui, et l’on croyait à Berlin pouvoir compter sur sa neutralité. Pour les villes hanséatiques, la Prusse leur fit proposer simplement de s’unir à elle; à cette condition, elle garantirait leur indépendance.

Les choses en étaient là quand l’Europe se décida enfin à inter-

  1. Bavière, Wurtemberg, Bade, Hesse-Darmstadt, Nassau, Saxe-Weimar, Meiningen, Cobourg-Gotha.
  2. Ces députés, convoqués par le comité des 30, étaient au nombre de 250 environ, membres en général du National Verein. Il n’y avait que 17 Prussiens.