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rées entre ses provinces, la guerre était portée sar le territoire ennemi. Les Bavarois et l’armée fédérale étaient coupés des Autrichiens, la coalition était désorganisée, et le 29 le Hanovre était conquis. La grande armée prussienne n’était point restée inactive pendant ce temps-là. Les opérations avaient commencé. C’est elles seules que nous allons suivre désormais.

Il est nécessaire de préciser ici la situation des Autrichiens à ce moment. Jusqu’aux premières hostilités, l’opinion en Europe partagea leur confiance dans la supériorité de leurs forces. On voyait dans l’inaction de Benedek le résultat de combinaisons profondes qui allaient se montrer tout d’un coup. En Prusse même, on n’était pas sans crainte : on s’attendait à voir les Autrichiens passer la frontière, et un succès pouvait leur livrer la route de Berlin. Si ces suppositions inquiétèrent un moment Berlin, elles dénotent de la part du général autrichien des illusions bien grandes. Ce qui est sûr, c’est que l’offensive de ses adversaires le surprit, et que, lorsqu’ils commencèrent les hostilités, il n’était pas en mesure de les devancer; mais alors même il se méprit tout à fait sur le dessein qu’il leur prêtait. Il pensa que l’idée, si téméraire qu’elle fût, de s’ouvrir le chemin de Vienne par Olmütz les séduirait, et que leur principale attaque aurait lieu par la frontière de Silésie, tandis qu’il n’y aurait du côté de la Saxe qu’une forte démonstration. Encore comptait-il de ce côté sur les Bavarois, qui entraveraient la marche des Prussiens en les prenant à revers. C’était là une erreur capitale dont Benedek ne revint que plus tard, et qui fut le principe de ses revers. Il se prépara en conséquence. Il voulait attendre les Prussiens à mesure qu’ils sortiraient des défilés, laisser déboucher une partie de leurs forces, les battre avant qu’ils ne fussent entièrement déployés, les refouler ainsi successivement avec toutes ses troupes et envahir à leur suite. Il disposait de sept corps d’armée, de deux divisions de cavalerie légère et trois divisions de cavalerie de réserve. Il établit son quartier-général dans une position centrale, à Josephstadt; il y concentra le gros de ses forces, qu’il pouvait porter facilement de là, soit sur Olmütz, soit sur la frontière de Silésie. Il garda avec lui le 4e corps (Festetics), le 8e (archiduc Léopold), et les trois divisions de cavalerie de réserve. Le 3e corps (archiduc Ernest) resta pour observer la route d’Olmütz. Le 10e corps (Gahlenz), le 6e (Ramming), le 2e (Thun) et une division de cavalerie légère furent échelonnés le long de la frontière de Silésie. Le 1er corps (Clam-Gallas), avec les Saxons et la 1re division de cavalerie légère, devait défendre les passages du nord-ouest, arrêter les Prussiens sur la ligne de l’Iser, donner à Benedek le temps de les battre de son côté et de revenir à lui pour accabler l’armée de