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Les Autrichiens laissaient aux mains de l’ennemi 20,000 prisonniers, 7 drapeaux, 160 canons; des milliers de victimes encombraient le champ de bataille, débris sanglans de ce choc de 420,000 hommes[1].

Le soir même de la bataille, Benedek demanda un armistice. On le refusa, non que l’on fût en mesure de reprendre aussitôt l’offensive; mais on ne voulait point donner de répit à l’Autriche et lui faciliter ainsi le moyen de faire revenir d’Italie les troupes que la victoire de Custoza rendait libres. Les Prussiens s’arrêtèrent autour de Pardubitz. Benedek se retira sur Olmütz avec les débris de son armée, qui s’y trouva réunie du 8 au 9, sauf le corps de Gablenz et la cavalerie, dirigés immédiatement sur Vienne par Brunn. Dans l’intervalle ou même bien antérieurement[2], l’empereur François-Joseph s’était adressé à l’empereur Napoléon, apportant la Vénétie en gage de la méditation qu’il sollicitait. Il l’obtint, et la nouvelle en fut publiée le 5 juillet. Cette médiation fut acceptée par le roi Guillaume, mais il subordonna la conclusion d’un armistice à l’acceptation préalable par l’Autriche de certains préliminaires de paix. Il fallait donc avant tout en fixer la base. Les ambassadeurs de France à Vienne et à Berlin s’y employèrent activement. Les mouvemens militaires se continuaient cependant. Les Prussiens s’étaient remis en marche dès le 6. Prague, qui n’était pas défendue, fut occupée le 8 ; le 6e corps resta devant Josepshtadt et Kœnigsgrætz. Le prince royal dut suivre Benedek à Olmütz, tandis que les deux autres armées marcheraient sur Vienne par Brunn et Iglau. Le 13 juillet, le quartier-général du roi de Prusse était à Brunn. M. Benedetti vint l’y rejoindre. Le même jour, l’archiduc Albert, le vainqueur de Custoza, rappelé en toute hâte à Vienne, prit le commandement de toutes les forces autrichiennes. Le 15, le prince Frédéric-Charles menaçait déjà la ligne de Lundenbourg, et le prince royal arrivait à la hauteur d’Olmütz. Benedek, en danger d’être coupé, eut ordre de se replier sur la capitale par la Hongrie et Presbourg. Son arrière-garde fut rencontrée par un fort détachement de cavalerie prussienne envoyé par le prince royal pour enlever Prerau,

  1. Les Autrichiens eurent en outre 4,861 morts et 13,920 blessés; les Prussiens perdirent en tout 10,000 hommes. Ils avaient en ligne 220,900 combattans, les Autrichiens 200,000. Rappelons que l’Autriche avait refusé d’adhérer à la convention de Genève pour la protection des blessés et la neutralité du personnel de santé. De plus elle n’avait point organisé d’ambulances en Bohême. Elle abandonna ses blessés à l’humanité des Prussiens, qui, il faut le dire à leur éloge, les recueillirent autant qu’ils purent. Leur noble conduite à l’égard des vaincus a été constatée par le gouvernement autrichien lui-même.
  2. Voyez Kœnigsgrætz les Préliminaires de Sadowa Kœnigsgrætz dans la Revue 1er octobre.