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l’on négociait la capitulation de cette forteresse lorsque Manteuffel reçut la nouvelle de l’armistice et l’ordre d’en régler les clauses avec le prince Charles de Bavière. Il conclut aussitôt une suspension d’armes qu’on devait dénoncer vingt-quatre heures d’avance en cas de rupture. Pendant ce temps-là, le corps du grand-duc de Mecklembourg, entré en Bavière par Hof, occupait Bayreuth. Un détachement de réserve bavarois, croyant l’armistice déjà exécutoire, s’arrêta sans défiance à une lieue environ de la ville. Surpris là par les Prussiens, il se retira précipitamment sur Weidenberg, où il fut rejoint le lendemain 29 et dispersé, abandonnant son drapeau et 200 prisonniers. Le 31, Nuremberg fut occupé. Les alliés, acculés dans l’angle du Mein, se seraient ainsi trouvés peu de jours après pris entre deux armées supérieures en nombre. Le 8e corps fédéral n’était pas compris dans l’armistice du 28 juillet, mais sa position en arrière des lignes bavaroises le protégea. Manteuffel reçut d’ailleurs, comme il avait été convenu le 26 à Nickolsbourg, des pleins pouvoirs pour conclure des suspensions d’armes avec le Wurtemberg, Bade et la Hesse grand-ducale. Ces gouvernemens s’empressèrent de traiter. Ainsi se termina la campagne contre les fédéraux. On a pu voir qu’ils avaient évité constamment une action décisive, se retirant dès qu’ils se voyaient près d’être engagés dans une bataille, libres d’ailleurs de s’attribuer la victoire, ce qu’ils ne négligèrent point de faire; mais dans le fait les Prussiens les avaient repoussés partout, continuellement coupés, et, au moment où les hostilités cessèrent, ils occupaient des parties du territoire de tous leurs adversaires. Ils tenaient Darmstadt, s’étaient avancés jusqu’à Heidelberg, et avaient poussé une pointe dans le nord du Wurtemberg.

Pour ne point interrompre le récit des opérations de guerre, on a dû anticiper sur le cours des négociations; il faut y revenir maintenant. Les plénipotentiaires autrichiens étaient arrivés le 22 juillet au quartier-général prussien. Les préliminaires recommandés par l’empereur Napoléon étant acceptés en principe de part et d’autre, la suspension d’armes pouvait être arrêtée et la conclusion de l’armistice poursuivie très activement, ainsi que cela se fit en effet. En même temps que le comte Karolyi, les négociateurs des états secondaires étaient accourus à Nickolsbourg, d’autant plus empressés à faire la paix qu’ils appréhendaient davantage les conditions qui leur seraient imposées. Ils ne furent point admis sans peine auprès de M. de Bismarck, qui les reçut avec une hauteur marquée. « Je pourrais vous faire mon prisonnier, » dit-il, à ce qu’on assure, à M. de Pfordten quand il le vit pour la première fois. Les confédérés avaient d’abord tenté de se rapprocher de l’Autriche; mais