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celle-ci, mécontente, et non sans raison, de la mollesse avec laquelle ils avaient secondé ses armes, les accueillit froidement, et laissa voir bientôt que, la Saxe exceptée, elle n’entendait point intervenir pour eux plus efficacement qu’ils ne l’avaient fait à son égard, et qu’elle traiterait pour elle seule. Ce n’était point dans leur union que les états secondaires pouvaient trouver l’appui qui leur manquait de ce côté ; la guerre n’avait fait qu’irriter leurs défiances réciproques et les laissait plus isolés que jamais. Ils se trouvèrent de la sorte à la merci du vainqueur, qui, évitant d’abord de les entendre, les effraya promptement par les exigences qu’il laissa percer. On s’était réuni pour discuter un armistice; avec sa résolution habituelle, M. de Bismarck posa immédiatement les clauses définitives de la paix. Il y avait de part et d’autre deux conditions sine qua non. — Le gouvernement prussien exigeait que l’Autriche sortît du corps germanique et reconnût les agrandissemens de la Prusse dans le nord, ainsi que le nouvel état de choses qu’elle se proposait de substituer à la confédération désormais dissoute. L’Autriche de son côté ne voulait consentir à aucune cession de territoire, sauf la Vénétie, et entendait que la Saxe fût restituée dans son intégrité. — Comme on était fermement décidé à maintenir ces propositions, qui d’ailleurs n’avaient rien de contradictoire, chacun y accéda promptement, et elles devinrent la base des préliminaires de paix signés le 26 à Nickolsbourg en même temps qu’un armistice de quatre semaines. La Prusse s’engageait à y faire adhérer l’Italie aussitôt que la Vénétie lui aurait été remise. Les prétentions inopportunes du cabinet de Florence étaient en effet le seul obstacle qui s’opposait à la conclusion d’un armistice définitif. L’empereur Napoléon fît déclarer le 29 qu’en ce qui concernait son gouvernement la Vénétie était acquise à l’Italie pour lui être remise à la paix. Les négociations purent être menées dès lors avec activité; il n’y avait à régler d’ailleurs que des points de détail, et la paix fut signée à Prague le 23 août. Par le traité de Prague, l’empereur d’Autriche consentait à la réunion de la Vénétie au royaume d’Italie, reconnaissait la dissolution de la confédération germanique, et donnait son assentiment à une organisation nouvelle de l’Allemagne sans la participation de l’Autriche. Il promettait également de « reconnaître l’union fédérale plus étroite qui serait fondée par le roi de Prusse au nord de la ligne du Mein, et déclarait consentir à ce que les états allemands situés au sud de cette ligne contractassent une union qui aurait une existence internationale indépendante, et dont les liens nationaux avec la confédération du nord feraient l’objet d’une entente ultérieure entre les deux parties. » « L’empereur d’Autriche transférait au roi de Prusse tous les