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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/813

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droits que la paix de Vienne du 30 octobre 1864 lui avait reconnus sur les duchés de Slesvig et de Holstein, avec cette réserve que les populations des districts du nord du Slesvig seraient de nouveau réunies au Danemark, si elles en exprimaient le désir par un vote librement émis. » Sur le désir de l’empereur d’Autriche, le roi de Prusse se déclarait prêt à laisser subsister la Saxe dans son étendue actuelle, se réservant de régler par un traité spécial la position de ce royaume dans la confédération du nord. En revanche, l’empereur d’Autriche promettait de reconnaître les modifications territoriales qui seraient opérées par la Prusse dans le nord de l’Allemagne. L’Autriche payait à la Prusse une indemnité de 20 millions de thalers qui devaient être versés en deux fois dans un délai de trois semaines, après quoi les troupes prussiennes évacueraient le territoire de l’empire. Le traité de commerce et de douane du 11 avril 1865 rentrait en vigueur provisoirement; les parties pourraient le dénoncer en se prévenant un mois à l’avance; elles convenaient d’ailleurs de s’entendre le plus tôt possible pour réviser cet acte dans le sens de plus grandes facilités à accorder au commerce des deux pays. Enfin une commission devait se réunir à Francfort pour liquider dans les six mois les créances de l’ancienne confédération. Les autres gouvernemens confédérés pourraient s’y faire représenter[1].

Dans le même temps que l’on achevait de régler ce traité de paix à Prague, les négociations se poursuivaient à Berlin avec les états secondaires. M. de Pfordten avait obtenu pour la Bavière de pouvoir accéder à l’armistice de Nickolsbourg, et il s’était porté garant de l’accession des autres états du midi. Des pleins pouvoirs furent envoyés en conséquence au général Manteuffel, et les armistices furent promptement conclus; mais la Prusse signifia formellement qu’elle ne consentirait point à négocier collectivement avec les confédérés, qu’elle discuterait séparément avec chacun d’eux, à Berlin, les conditions de la paix. Ce fut pour ces états le moment des anxiétés les plus vives. Tous se crurent menacés dans leur intégrité territoriale et leur autonomie. Il était question de remaniemens considérables. On demandait à la Bavière 20 millions de tha-

  1. Cette commission se réunit à Francfort six semaines après l’échange des ratifications. Quant à l’ancienne diète fédérale, elle avait quitté Francfort le 11 juillet devant l’approche des Prussiens. La division avait déjà commencé alors à se mettre parmi les confédérés. Les envoyés des villes hanséatiques avaient cessé de prendre part aux séances depuis le 20 juin; ceux des états du nord ayant accepté l’alliance prussienne se retirèrent successivement. Le reste de la diète se transporta à Augsbourg et s’y réunit le 18 juillet. L’assemblée s’occupa surtout de régler le sort des employés fédéraux, et se sépara définitivement le 24 août.