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IV


Fatal, silencieux et morne,
Le Louvre étend son noir profil ;
Parmi les nuages d’avril,
La lune au ciel montre sa corne.

Le hibou, par l’ombre couvert,
Vient d’endormir ses ritournelles,
Le qui-vive des sentinelles
Retentit au loin et se perd.

Partout nuit et silence ! Une heure
Sonne à Saint-Germain l’Auxerrois,
Puis tout se tait : pas une voix
Dans la séculaire demeure…

Cependant le père et le fils,
Sur une terrasse écartée
Dont la lune baigne, argentée,
Les grillages en fleur de lis,

Henri quatre avec Louis treize,
Le linceul et le cordon bleu,
Causent ensemble devant Dieu,
Qui défend que la mort se taise.

Mystères de sang et de deuil,
Secrets de honte et d’épouvante,
Cachés à la clarté vivante
Dans les profondeurs du cercueil,

Énigmes dont l’histoire austère
N’a jamais dévoilé la nuit,
Choses que le crime enfouit,
Et qu’on croit dormir sous la terre,

Non. jusqu’au dernier jugement,
Dieu ne veut pas qu’on vous ignore,
Le sépulcre sourd et sonore
Vous rejette confusément !

Tandis que l’humaine science
Vous nie en citant ses témoins,
Vous tachez l’ombre de vos points,
Vous parlez à la conscience.