Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/1001

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Spectres que la nuit lâche ou tient,
Voix du tombeau, de la statue,
Dans l’acte qui venge et qui tue,
Qui sait quelle part vous revient ?


V


Le coq chante, le ciel s’enflamme
Des aurores du jour nouveau,
A Saint-Denis, dans son caveau,
Dort le feu roi : paix à son âme !

Mais Louis a rejoint Albert,
Le grand éleveur d’oiseaux rares ;
Merle et pinson de leurs fanfares
Remplissent le bois déjà vert.

Un gerfaut perché sur la manche
Du maître, — tout à son emploi, —
Joue avec le chapeau du roi
Et mordille sa plume blanche.

On les prendrait pour deux élus,
Ce fauconnier et son élève,
L’un à son art. l’autre à son rêve,
Parmi leurs cages, et leurs glus !

Tout à coup : — « Exécrable engeance !
S’écrie, ému jusqu’au transport,
L’enfant qui trépigne et se tord.
Ces Florentins ! Oh ! ma vengeance !

« Ces Italiens de malheurs !
Ce laquais, et cette sorcière ! »
Et son pied battait la poussière,
Et son œil brillait tout en pleurs !

Puis, après une brève pause,
Pendant laquelle Albert s’est tu :
« Faut-il que je sois sans vertu ! —
A-t-il repris, — et que je n’ose !

« Rien au dedans comme au dehors
Ne se fait que par leurs mains viles,
Ils tiennent mes meilleures villes,
Ils sont maîtres de mes trésors !