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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/1003

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Éternelles ambitions,
Orgueil humain toujours le même,
Convoitise ardente et suprême,
Mobile de nos actions,

De quels pensers démoniaques
N’enflammez-vous pas ses esprits !
« Je prendrai ce qu’un autre a pris,
J’aurai ses cordons et ses plaques.

« A bas ce favori caduc,
Ce coquin dont la France est lasse !
En le tuant, j’aurai sa place ;
Il est marquis, je serai duc !

« A mon tour ses commanderies,
Ses honneurs, son luxe enragé,
Tout cet or dont il s’est gorgé,
Sa vaisselle et ses pierreries !

« Mort au traître, vive le roi !
Aide au peuple dans sa souffrance !
Il n’est que maréchal de France,
Je serai connétable, moi ! »

Coups de poignard et d’arquebuse,
Sont là pour corriger le sort.
Pour que l’un entre, l’autre sort ;
C’est le jeu : l’histoire s’amuse.


VII


Les yeux vers l’horizon tournés,
Luyne entend Louis qui tempête.
« Sire, dit-il, qui vous arrête ?
Vous êtes le maître, ordonnez !

 — Ordonner, moi, sans sou ni maille !
Moi, cet enfant, ce roitelet,
Ordonner ! Qui donc, s’il vous plaît,
Va m’obéir ? Albert, tu railles.

« Est-ce Brantès, son frère, ou toi,
Mon bel oiseleur qu’on renomme,
Qui me déferez de cet homme ?
Car, s’il ne meurt, je ne suis roi !