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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/1007

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Et la douleur rend sanguinaire
L’âme qu’elle n’élève pas.

Infortuné Louis de France,
Pourquoi compter ses vilains tours ?
Il a tant consumé de jours
A bâiller sa longue souffrance !

Il eut trop souvent pour appui
L’exécuteur des œuvres hautes ;
Mais qui ne pardonne ses fautes
A cet impitoyable ennui ?

Envers Chalais il fut atroce ;
Il laissa, dur comme un arrêt,
Cette mère qui l’implorait
Se confondre au bord d’une fosse.

Mais il avait lui-même, hélas !
L’âme si fort endolorie,
Et sur sa figure amaigrie
Se laissaient voir tant de tracas !

Puis d’un mot on se débarrasse :
« Monsieur le cardinal le veut ! »
On condamne parce qu’il pleut.
S’il faisait beau, l’on ferait grâce !

Petite cause, grand effet !
On s’en veut de son infortune,
Et l’inclémence et la rancune
Sont au fond de tout ce qu’on fait.

Ah ! vous êtes plus responsable,
Sire, que vous ne le croyez,
De ces destins que vous broyez
Sous vos pas comme grains de sable.

Des exemples ! mais combien donc
Vous en faut-il, Louis le Juste ?
Vous avez du sang jusqu’au buste,
Et marchez sourd à tout pardon !

Vos meilleurs amis sont infâmes,
Vous les livrez à Richelieu…
A votre aise, c’est votre jeu ;
Mais tuez-les sans épigrammes.