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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/140

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DIANE.

Ce jeune homme n’était rien pour moi. Je l’ai plus oublié en une minute que si je ne l’avais jamais connu. Vous aviez raison, cher Henri, je commence une vie nouvelle. Vous m’avez ouvert tout un monde.

HENRI.

N’est-ce pas ?

DIANE.

Le ciel a eu pitié de moi.

HENRI.

Méchante, qui voulait entrer au couvent ! Y pensez-vous encore ?

DIANE.

Oh ! jamais, tant que vous m’aimerez.

HENRI.

Autant dire : jamais de la vie !

DIANE.

Vous êtes bon. Je ne méritais pas…

HENRI.

Je vous aime ! Ah ! si l’on m’avait dit ce matin qu’une si sotte ambassade aurait un si beau dénoûment. (Le domestique entre et apporte une lettre sur un plateau.)

DIANE, prenant la lettre.

De lui ? Voilà qui est particulier. Comprenez-vous qu’il ose m’écrire ?

HENRI.

Je le croyais mieux élevé. Sa lettre et ma visite font double emploi.

DIANE.

Quelque nouvelle impertinence sans doute.

HENRI.

C’est à moi qu’il manque surtout.

DIANE jette l’enveloppe, déplie la lettre, s’arrête au moment de la lire, et la tend à Henri.

Tenez, mon cher Henri. Voilà le cas que je fais de sa prose. Vous pouvez lire ou déchirer, à votre choix.

HENRI, après avoir jeté un coup d’œil sur la lettre.

Ah !… c’est nouveau.

DIANE.

Quoi donc ?

HENRI.

Rien…

DIANE.

Mais encore ?