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DIANE.

Mais je ne vous ai pas cru. Mon cœur, ma conscience, tout mon être, protestaient contre une affirmation gratuite et monstrueuse.

HENRI.

Je n’ai pas entendu la protestation. Pardonnez-moi, madame.

DIANE.

Comment avez-vous eu le front?...

HENRI.

Le front?

DIANE.

Eh ! oui, le front de me dire à moi-même qu’il m’abandonnait pour toujours.

HENRI.

J’ai rempli mon mandat en conscience, parole d’honneur.

DIANE.

Vous avez donc bien peu d’esprit, si vous n’avez pas deviné qu’après votre départ il irait implorer son père?

HENRI.

Je l’aurais deviné, s’il me l’avait dit.

DIANE.

Beau mérite ! Que voulez-vous que je devienne à présent?

HENRI.

Tout ce qu’il vous plaira. Vous avez du choix, ce me semble.

DIANE.

Mais je n’aime et je ne connais qu’un seul homme!

HENRI.

Moi?

DIANE.

Lui!

HENRI.

Il paraît que les premiers ne sont pas les derniers, contrairement au mot de l’Évangile.

DIANE.

Blasphémez maintenant! Il ne vous manquait plus que cela! Que faire? que devenir? Vous ne voyez donc pas que je suis perdue ?

HENRI.

Raisonnons.

DIANE.

Pas un mot ! (pleurant.) Ah ! malheureuse que je suis !

HENRI.

Ne pleurez pas, Diane !

DIANE.

Trêve de familiarités, je vous prie.