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du marché quotidien, d’autant plus qu’on se montre un peu moins difficile sur la qualité à mesure qu’on s’éloigne des côtes. Quant aux confiseries, elles s’abstiennent d’acheter quand les embarcations reviennent avec un trop minime butin et que les prix s’élèvent. Elles ne marchent pas constamment, même pendant l’été; les ateliers se vident ou se remplissent selon les alternatives de la pêche. Les opérations devant d’ailleurs s’exécuter d’urgence, on ne perd pas un moment pour compter les sardines, pour les laver, les saler, les plonger dans l’huile bouillante, les faire sécher sur des treillis en fil de fer, enfin pour les ranger dans les boîtes de fer-blanc, qui sont mises en dernier lieu durant quelques heures dans des chaudières d’eau en ébullition. Le succès de l’opération dépend surtout de la qualité de l’huile employée. Si l’huile est mauvaise, ou si l’on utilise trop longtemps la même huile sur les fourneaux, les produits laisseront forcément à désirer. Depuis quelques années, des boîtes préparées avec négligence, même d’une façon peu loyale, ont abondé en France et surtout ont été exportées outre-mer en quantité innombrable. Le commerce, il faut bien le dire, a poussé le premier à la mauvaise fabrication; il a réclamé avant tout des conserves à bas prix. C’était peu scrupuleux, et c’était imprudent. Le résultat le plus clair a été jusqu’à présent de restreindre la consommation des sardines en boîtes et de compromettre ainsi les destinées de la pêche de la sardine, qui sont liées à la faveur que rencontreront désormais dans le public les conserves à l’huile. Celles-ci en effet ont notablement réduit le marché ouvert aux poissons préparés d’après l’antique et moins efficace méthode qui consistait à encaquer et à presser les sardines dans des barils. Les premières confiseries remontent à une vingtaine d’années tout au plus. À ce moment, la découverte de l’or en Californie suscitait la convoitise de milliers d’émigrans, qui avaient besoin d’approvisionnemens faciles à transporter. Le débouché était vaste, l’essor de la nouvelle industrie fut des plus rapides. Telle grande fabrique de la Turballe qui ne mettait en boîtes, en 1851, que 5 millions de sardines en conservait en 1866 près de 40 millions. Cette prospérité a cessé de grandir et même décline; on sait pourquoi. Il dépend des fabricans de la faire renaître.

Ce qui n’est pas moins urgent pour que la pêche de la sardine sorte de la période un peu languissante qu’elle traverse, c’est de provoquer l’abaissement du prix des appâts. On peut chercher une amorce moins coûteuse et aussi sûre que la rogue, on peut également enlever aux Norvégiens l’espèce de monopole qu’ils ont accaparé sur notre marché, et dont ils se prévalent. La Norvège n’est pas seule en mesure de nous fournir de la rogue. On en a envoyé,