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Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/233

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sidens trop tôt découragés. Le chiffre de la fabrication importe beaucoup dans une telle entreprise. Si l’on emploie seulement 200 kilogrammes de farine par jour, ce qui donne environ 270 kilogrammes de pain, le bénéfice ne peut s’élever, d’après les comptes mêmes de la société, qu’à 2 ou 3 francs, tandis qu’avec 4OO kilogrammes il monterait à une somme quadruple. De tels exemples en disent plus aux yeux des masses que tous les raisonnemens de la théorie, et ils préparent la voie dans le même ordre d’idées à des applications plus étendues. La récente organisation d’un comice salicole et agricole qui a eu sa première exposition à Guérande au mois de septembre 1868 mérite aussi d’être citée comme un utile essai de manifestations collectives.

Dans un milieu où le travail manque de régularité, où le revenu de chaque famille ouvrière, chez les paludiers comme chez les pêcheurs, reste presque toujours plus ou moins au-dessous des plus stricts besoins de la famille, il n’est pas surprenant que l’esprit de prévoyance ait tant de peine à s’acclimater. Il n’en devient que plus nécessaire de donner promptement suite aux mesures destinées à améliorer l’exploitation des marais salans et les conditions de la pêche côtière. Aux considérations purement économiques se joignent, pour les conseiller, les considérations morales les plus décisives. L’intérêt privé y concourra principalement par l’union des volontés en ce qui concerne les salines, et par le développement des opérations durant l’hiver en ce qui concerne la pêche.

Quant au gouvernement, en dehors de la suppression de l’impôt, son rôle porte avant tout sur l’élévation de la remise pour cause de déchet, et sur l’amélioration des voies de transport. Dans ce dernier ordre d’idées, le prompt établissement du chemin de fer projeté est une question vitale pour le pays. Seulement le tracé à suivre n’importe pas moins que la construction elle-même. Telle direction pourrait ravir à la ligne ferrée la plus grande part de son utilité. Le nouveau chemin de Saint-Nazaire au Croisic doit être le chemin des côtes. Si l’on veut que l’entreprise puisse à la fois se suffire à elle-même et rendre les services attendus, deux conditions sont indispensables : il faut d’une part que le chemin touche à Guérande, centre commercial de tout ce pays, et de l’autre qu’il longe le rivage. Les ressources les plus fécondes du trafic tiennent au voisinage de la mer. Là se trouvent les points recherchés durant la belle saison. À Saint-Nazaire, à mesure que se prononcera davantage l’inévitable progression que doit prendre cette ville, on tendra de plus en plus, comme dans d’autres cités maritimes, à fixer au dehors le siège de sa vie de famille et de son installation domestique. Déjà le mouvement s’accomplit en ce sens-là. Il n’y a qu’à