Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 78.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ABBÉ LEROUX AU COMTE DE X...


Monsieur le comte,

Une rechute de monseigneur, rechute qui pouvait avoir des conséquences de la plus grande gravité, m’a empêché de vous écrire immédiatement au sujet d’une conversation que j’eus récemment avec maître Ledoyen. Cette conversation fut interrompue subitement par les souffrances de notre cher malade, et je dus courir à son chevet.

Sans doute je suis rassuré sur le sort de mon bon Claude, sur celui de son intéressante famille, si laborieuse et méritante, — six enfans, monsieur le comte ! — mais je n’ai point encore pu rassembler assez de courage pour accepter le sacrifice tout personnel que vous demandez de moi. Excusez ma faiblesse. Je vous tiens en trop grande estime pour répondre à vos flatteuses insistances par un refus formel; mais de grâce laissez-moi le temps de me façonner à cet abandon.

Dans sa langue d’homme d’affaires, maître Ledoyen entasse les chiffres, étale les opérations... Hélas! je regrette vraiment que la Providence ne m’ait point assez bien doué pour apprécier à sa juste valeur la délicatesse de ces petits travaux.

À cette heure où notre vénéré malade réclame encore tous mes instans, il m’est impossible de me recueillir et de conclure. J’ai du redemander en toute hâte cet opérateur de Paris dont les croyances, — quelles croyances ! — sont, j’en ai bien peur, beaucoup au-dessous de ses talens de praticien. Il faut avouer maintenant que son adresse est merveilleuse : le soulagement fut immédiat. Pourquoi faut-il que la reconnaissance soit impossible envers un homme de cette sorte, et qu’après avoir souhaité aussi ardemment sa venue à cause de ses talens, on en soit réduit, à cause de ses principes, à remercier le ciel de son départ.


LE COMTE DE X... A MONSIEUR ANATOLE DU BOIS DE GROSLAU.

Voici un brouillon, un projet de profession de foi. Ce ne sont là que quelques mots que je jetai sur le papier hier au soir. Je n’ai pas cru devoir dépouiller cette page de tout charme littéraire, ai-je eu tort? Je serais désireux d’avoir en tout ceci vos officieux conseils. C’est à l’ami que je m’adresse; c’est l’ami, n’est-ce pas, qui me répondra? Mettez en marge vos observations.

Aux électeurs de la septième circonscription.


« Messieurs,

{{« En m’offrant à vos suffrages comme candidat de la septième circon-