une partie du rapport, celle qui était la plus favorable aux vues de Napoléon, parut, non pas dans le Moniteur, jamais l’empereur ne le voulut permettre, mais dans les journaux non officiels, qui alors, eux aussi, on le sait, ne publiaient rien sans l’aveu du gouvernement. Nous ne donnerons pas la teneur intégrale des réponses de la commission; cela nous entraînerait trop loin. L’archevêque de Tours, M. de Barral, les a insérées dans ses Fragmens ecclésiastiques, qui virent le jour en 1815, et son ouvrage fait foi, quoiqu’on lui ait, non sans raison, reproché d’avoir opéré quelques suppressions et peut-être aussi des changemens qu’expliquent d’ailleurs assez naturellement les circonstances du moment[1]. Au lieu d’analyser la teneur même de ces réponses que nos lecteurs curieux de ces matières pourront trouver in extenso dans le livre de M. de Barral, nous préférons donner une rapide esquisse des fluctuations intérieures qui se produisirent au sein de la malheureuse commission, si péniblement courbée sous le poids de la responsabilité qui pesait sur elle. Le point capital et comme le nœud de toute l’affaire était, à vrai dire, l’institution canonique à donner aux évêques. C’était afin de trouver le moyen de se passer de l’intervention spirituelle du saint-père dans la consécration des nouveaux pasteurs qu’il avait déjà choisis ou de ceux qu’il se proposait de mettre bientôt à la tête des diocèses vacans de l’église de France que Napoléon consultait le comité ecclésiastique. Il n’y avait pas un de ses membres
- ↑ Il résulte de plusieurs documens authentiques qui sont présentement sous nos yeux que M. de Barral ou ses éditeurs ont positivement supprimé le préambule des réponses faites par les évêques du comité, probablement parce que ce préambule contenait des protestations de dévoûment à la personne sacrée de l’empereur qui ne paraissaient plus de mise alors que Napoléon était à son tour prisonnier à l’île d’Elbe, en face et presqu’en vue de la petite ville de Savone. M. de Barral s’est-il permis de plus graves changemens? Nous ne saurions le dire. Il n’y a jamais eu de texte officiellement publié des réponses faites à l’empereur par les commissions ecclésiastiques de 1809 et de 1811. M. de Barral, comme l’indique le titre de son ouvrage, n’en a publié lui-même que des fragmens. On possède, il est vrai, au séminaire d’Orléans et à celui de Paris des copies complètes de ces réponses, qui ne sont pas entièrement conformes au texte publié par M. de Barral; mais cela même ne prouve rien, et l’on aurait peut-être tort de s’en rapporter à ces copies, car il peut, il doit même y avoir eu de notables différences entre la version primitive telle qu’elle avait été rédigée d’abord par les évêques et la version qu’ils ont ensuite officiellement remise après y avoir introduit les modifications exigées par le chef de l’état. Le texte présenté à l’empereur se conserve aujourd’hui aux archives impériales dans deux cartons 3178/1028 et 3177/1027 que tout le monde peut demander. Plusieurs personnes ont été, à notre connaissance, admises à les consulter. Nous aurions aimé à pouvoir, comme tant d’autres, comparer nous-même ces versions différentes; mais M. le maréchal Vaillant, ministre de la maison de l’empereur, nous ayant fait l’honneur de nous dire qu’il avait donné les ordres les plus positifs pour qu’il ne nous fût rien communiqué aux archives impériales, nous avons dû forcément renoncer au plaisir de nous livrer à cette très innocente enquête.