commises et où le sang coula en abondance ; mais la différence des voix fut tout à fait insignifiante dans la ville elle-même, et dans l’état de Pensylvanie tout entier les républicains eurent une majorité de 10 à 12,000 voix sur 700,000. Si les démocrates gagnèrent trois députés au congrès, ils reperdirent la législature de l’état, qu’ils avaient obtenue l’année précédente. Dans l’Ohio, sur 550,000 votans, les républicains l’emportèrent d’environ 16,000 voix, mais les démocrates nommèrent un député de plus ; les extrêmes des deux partis, M. Ashley et M. Vallandigham, furent battus tous les deux. Dans l’Indiana, la majorité républicaine fut beaucoup moindre : les démocrates nommèrent le gouverneur et gagnèrent encore un membre du congrès ; mais en revanche les républicains s’emparèrent de la législature. L’état nouveau du Nebraska avait voté le même jour et dans le même sens. En somme, les républicains restaient partout les maîtres, et les démocrates n’avaient que la consolation d’envoyer quelques députés de plus au congrès. Le succès du général Grant était mis hors de doute. Une convention de méthodistes wesleyens qui siégeait à Boston pendant l’élection de la Pensylvanie chanta un hymne d’action de grâces en recevant l’heureuse nouvelle. Tous les hommes faibles ou indécis qui attendaient cette épreuve pour se décider retournèrent la voile de leur barque, et se mirent à courir en face du vent. Ceux des fonctionnaires du gouvernement de Washington qui avaient eu l’imprudence ou la présomption de rester démocrates se hâtèrent de faire leur conversion avant qu’il fût trop tard. Les membres du cabinet de M. Johnson se préparèrent à battre en retraite. M. Seward, plus avisé, adressa des sourires au soleil levant, et le Herald de New-York, ce journal qui met sa gloire à rester toujours fidèle au parti du plus fort, sortit majestueusement de son nuage pour décerner la palme de la victoire au général Grant.
Les démocrates, découragés, comprirent cette fois qu’ils avaient perdu la partie. La fin de la campagne n’était plus pour eux qu’une formalité fatigante : il ne leur restait qu’à faire leur devoir et à succomber avec honneur ; l’espérance de l’avenir pouvait seule les soutenir dans la tâche ingrate qu’ils accomplissaient. Cependant quelques-uns d’entre eux s’imaginèrent qu’il était encore possible de relever leur cause en réparant leurs fautes par une manœuvre hardie et soudaine. Ils se dirent que peut-être il n’était pas trop tard pour modifier leur programme si impolitique, et pour changer leurs candidats si impopulaires. Pendant plusieurs jours, ce projet téméraire fut discuté avec une agitation fébrile entre les comités de New-York, de Philadelphie et de Washington. Les uns voulaient faire designer le général Hancock, le général Mac-Clellan, ou tout autre soldat illustre qu’on pût opposer au général Grant, les autres