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revers représente une sorte d’autel du haut duquel l’Industrie lance Mercure et Mars vers de larges terrains sillonnés par des trains en mouvement ; la légende elle-même est excellente : Dant ignotas Marti novasque Mercurio alas. Voilà, selon nous, le type de la médaille commémorative ; elle est une des gloires modernes de l’hôtel des monnaies.

La patine demanderait aussi une étude particulière, car c’est elle qui, donnant la coloration générale, détermine l’impression première produite par l’aspect d’une médaille. Depuis la patine noire d’Herculanum jusqu’à la patine vernie des Japonais, en passant par la chaude patine des Florentins, il y a cent patines préférables à la couleur chocolat insupportable et banale qu’on a depuis longtemps adoptée. Tout graveur en médailles devrait connaître à fond le secret de la coloration des métaux, avoir sa nuance spéciale comme il a différent particulier et imiter M. Barye, qui, ne dédaignant rien de ce qui peut ajouter au mérite de ses œuvres, a trouvé une admirable patine presque semblable aux tons de la malachite, et qui revêt ses bronzes d’un épiderme plein de puissance et de vie. Cela est important, bien plus important qu’on ne se l’imagine, et la chimie, à laquelle nul tour de force n’est impossible, pourrait, si elle daignait s’occuper de cette question, la résoudre facilement pour le plus grand bien des artistes. Si les médailles modernes n’obtiennent pas tout le crédit qu’elles devraient avoir, c’est qu’elles pèchent sous le triple rapport de l’expression, de la disposition et de la coloration. Il serait aisé de faire disparaître ces défauts. La commission n’a, pour ainsi dire, qu’un droit de contrôle matériel sur les médailles que les administrations, les sociétés, les particuliers, font frapper ; elle n’a rien à voir à la façon dont un sujet est traité, aux coins du graveur, au style de l’œuvre. Ainsi que me le disait en souriant un haut personnage de l’hôtel des monnaies, « la commission fait comme ses balanciers, elle gémit, mais elle frappe les pauvretés qu’on lui apporte, car elle y est obligée. » Il y a lieu de croire toutefois que, relativement aux médailles commandées par l’état, la réforme est en voie d’exécution et qu’elle sera activement poursuivie, car il est temps d’en finir avec des erremens qui n’ont que trop duré.

L’hôtel des monnaies possède un musée où la vérité des observations qui précèdent peut être constatée par une simple comparaison entre les médailles anciennes et les médailles modernes. Ce musée était fort riche en monnaies de toute espèce, de toute époque et de tout pays. Malheureusement, en vertu d’un décret de 1862, il a été dépouillé par la Bibliothèque impériale, qui est venue chercher là les pièces qui manquaient à ses collections. Pour les médailles, passe encore ; mais pour les monnaies la mesure paraît bien