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puisqu’il est obtenu par voie d’impression ; mais, comme il représente l’effigie du souverain, comme le poinçon de cette effigie est fourni par le graveur-général des monnaies, il appartient à l’hôtel du quai Conti. Les planches en cuivre, portant chacune 150 empreintes, sont obtenues à l’aide des procédés de la galvanoplastie. Elles sortent du laboratoire du directeur de la fabrication des timbres-poste, qui sous tous les rapports jouit des mêmes droits et est soumis aux mêmes obligations que le directeur des monnaies. Il opère à ses risques et périls, il est tenu de mettre à la disposition de l’administration des postes le nombre des timbres dont on a besoin, et qui ne sont acceptés qu’après contrôle ; il est payé en raison des quantités qu’il livre, et garde à sa charge les machines et les ouvriers.

En somme, ces ateliers spéciaux ressemblent à ceux d’une imprimerie très propre et même un peu coquettes ; les machines, entretenues avec soin, reluisent comme des pièces d’orfèvrerie ; elles jouent sans tapage inutile ; les rouages polis, graissés, ont des mouvemens d’une douceur qui ne laisse pas soupçonner la force mise en œuvre. Là tout se fait rapidement et en silence. Les feuilles d’un papier particulier, fourni par la maison Lacroix d’Angoulême, sont comptées et soumises avant nulle autre opération à un vernissage qui se fait à la presse mécanique. Un enduit incolore, dont la composition doit rester secrète, est étendu sur une des faces de la feuille. Ce vernis, qui ne modifie en rien d’aspect du papier, rend toute contrefaçon à peu près impossible. Non-seulement il permet de donner une finesse presque inimitable à l’empreinte, mais encore c’est lui qui reçoit directement cette dernière, et si, malgré l’extrême ténuité de ce vernis on pouvait l’enlever, on enlèverait du même coup l’effigie, et on n’aurait plus entre les mains qu’un carré de papier bleuâtre portant une tache au lieu du profil dont il offrait l’image. Lorsque le papier est ainsi préparé, les feuilles sont comptées de nouveau et enfermées, pour être distribuées selon les besoins du service. Deux planches sont réunies côte à côte dans un châssis après qu’on les a nettoyées à la benzine pour enlever toute trace de corps gras qui pourrait les maculer. A l’aide d’un rouleau, on les imprègne régulièrement d’une couche de couleur qui varie selon la catégorie de timbres qu’on veut obtenir, puis on tire à la presse à bras ou à la presse à vapeur. Dans ce dernier cas, l’encre est mécaniquement appliquée sur les planches, comme sur une presse d’imprimerie ordinaire. Chacune des feuilles complètes, imprimées, contient 300 timbres, divisés par une marge blanche en cadres de 150 chacune. Lorsqu’elles sont sèches, on les coupe en deux à l’aide d’un coupoir qui peut, en trancher environ 500 d’un seul coup. Les feuilles sont alors portées à l’atelier où se fait le