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et publient chaque année d’importans ouvrages. En 1867 seulement, M. Bentham, avec le concours de M. Müller, a fait paraître le troisième volume de la Flore d’Australie ; le Synopsis de toutes les fougères connues a été achevé par M. Baker ; M. Hooker, le directeur du jardin de Kew, a terminé la deuxième partie de son Manuel de la Flore de la Nouvelle-Zélande, et complété l’ouvrage de feu le docteur Boott sur les Carex, avec 200 planches nouvelles ; enfin MM. Hooker et Bentham continuent la publication des Icônes plantarum, destinées à figurer les plantes nouvelles ou peu connues, et dont les dix premiers volumes sont dus à sir William Hooker. Ces deux botanistes ont de plus fait paraître la troisième partie de l’ouvrage intitulé Genera plantarum, où seront énumérés et caractérisés tous les genres du règne végétal. Par ces travaux incessans, les savans que je viens de nommer affirment l’importance scientifique du jardin de Kew, et intéressent le public et l’état à la prospérité de cet établissement.


III

Plus ancien de deux siècles, le Jardin des plantes de Paris n’est point en progrès sur celui de Kew. Les jardins et les serres contiennent un nombre considérable de plantes, s’élevant en 1862 à 15,455 espèces ; ses herbiers sont aussi riches, mais moins bien rangés que ceux de Kew ; une collection de produits végétaux a été commencée, elle ne peut s’étendre faute de place. Le Jardin des plantes renferme tous les élémens qui pourraient lui assigner la première place en Europe ; mais c’est un établissement stationnaire depuis trente ans. Un seul mot ou plutôt un seul chiffre explique cette infériorité. La somme affectée à l’entretien et à l’amélioration de Kew dépasse 500,000 francs ; celle accordée à la partie botanique, à la culture et aux serres du Jardin des plantes de Paris n’est que de 98,400 francs pour le personnel et le matériel. Non-seulement l’allocation annuelle est complètement insuffisante, mais encore depuis trente ans la partie botanique et même les autres sont restées ce qu’elles étaient en 1838. Une loi du 27 juin 1833 affecta un crédit de 2,550,000 francs pour l’amélioration du Muséum. Sur ce crédit, on fit l’acquisition de nouveaux terrains, et l’on acheva en 1837, sous l’administration de M. le comte Jaubert, ministre des travaux publics, les deux grands pavillons en verre, les serres courbes qui leur font suite, et le grand édifice où l’herbier, le musée botanique, la galerie de minéralogie et la bibliothèque ont été réunis. Aujourd’hui tous ces locaux sont insuffisans. Les arbres qui figurent en été dans les allées du jardin, pressés, serrés, étouffés dans l’orangerie, qui date de 1795, perdent au