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IMPRESSIONS DE VOYAGE
ET D’ART.

III.

SOUVENIRS DE FLANDRE ET DE HOLLANDE.[1].



I. — JORDAENS.

Bien souvent dans mes lectures il m’est arrivé de me révolter contre la justice sommaire des jugemens de la postérité. Que de jolis livres oubliés ! que de pages éloquentes perdues ! que d’œuvres originales, d’une pensée souvent plus stimulante, plus fécondante pour la méditation studieuse que les œuvres mêmes du génie, restées inconnues ou dédaignées ! Mais quand on sort de son domaine propre et qu’on promène ses regards sur les œuvres d’une autre province du génie humain, alors on comprend la raison d’être de ces choix exclusifs de la postérité qu’on avait taxés de partialité. Ces réclamations qu’il m’est si souvent arrivé dans mes lectures d’élever en faveur des œuvres de la plume, certainement bien des artistes, les ont élevées en faveur des œuvres du pinceau. Comme moi, ils auront pensé que la justice qu’on rendait aux maîtres entraînait trop souvent l’injustice pour une foule de talens détaillé plus qu’ordinaire. La vérité est que la postérité, si elle pouvait parler, aurait le droit de répondre à ces réclamations : « Je ne me nomme point maître Josse, et toutes vos finesses de métier, toutes

  1. Voyez les livraisons du 15 octobre et du 15 novembre.