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courageux pour proclamer la vérité sur les toits, aient cru nécessaire d’avoir recours à ce timide moyen; mais dans les circonstances c’était le seul qu’il y eut pour eux de conserver encore quelque indépendance[1]. » Ce fut par cette voie du scrutin secret qu’après d’assez incohérentes discussions, après force tâtonnemens assez naturels dans un temps et chez des personnages si parfaitement désaccoutumés des procédés usités au sein des assemblées délibérantes, le concile finit par tomber d’accord sur le choix d’un certain nombre de commissions chargées de préparer les résolutions qui seraient plus tard débattues en congrégation générale. L’une de ces commissions devait rédiger l’adresse en réponse au message de l’empereur, tandis que l’autre recevait mission de présenter à l’assemblée un projet de règlement sur le cérémonial et les formes à suivre pour les délibérations du concile. « Cette dernière commission n’obtint jamais la liberté de faire son rapport, le concile n’ayant eu permission de tenir des séances que pour délibérer sur les affaires que la cour voulait faire passer. Toutes délibérations lui furent interdites pendant que les autres commissions préparaient leurs travaux, de sorte que le règlement, qui logiquement aurait dû précéder les discussions du concile, et qui aurait été si utile pour en régler l’ordre, était encore à venir quand l’assemblée des prélats fut brusquement dissoute[2], »

L’auteur, quel qu’il soit, de la relation que nous citons était parfaitement informé; cependant il ne savait pas lui-même jusqu’où étaient allées sur ce point délicat des matières à soumettre au concile les préoccupations de l’empereur, et avec quels soins minutieux il s’était ménagé les moyens de dominer les délibérations de la docte assemblée. Ces moyens étaient fort simples. L’empereur a daigné les indiquer lui-même en quelques lignes dans une note dictée à son ministre des cultes, note qui devait servir comme de programme au concile, mais que l’on chercherait vainement, malgré l’importance qu’elle présente, dans la correspondance officiellement publiée de Napoléon Ier. «Les intentions de sa majesté sont : 1° qu’à la suite de la lecture du message par les commissaires, et sur la proposition de demander pour le concile en corps une audience à sa majesté, il soit nommé pour rédiger l’adresse une commission dans laquelle seront les quatre prélats qui ont été à Savone; 2° que la copie de l’adresse ainsi que le mandement et le sermon d’ouverture soient communiqués à sa majesté; 3° que les séances soient secrètes, et qu’il n’y ait ni en session ni dans les bureaux de motion

  1. Relation manuscrite du concile national de 1811, trouvée dans les papiers de M. de Broglie, évêque de Gand.
  2. Ibid.