Qu’on apporte une culotte de satin blanc à M. Davoy, une paire de bas à jour, des boucles d’argent, des flots de rubans bleu de ciel… Comment osez-vous nous dire d’aussi jolies choses sans musique ?
Je regrette de n’en point avoir.
Est-elle bien ainsi ?
Adorablement… Un tout petit peu plus à gauche, si cela vous est égal… Ah ! c’est cela, parfait ! parfait ! n’y touchez plus. (À madame Valéry, qui elle aussi a placé la rose dans ses cheveux.) Délicieux… délicieux !
Savez-vous, cher hôte, que, si j’étais à la place de Mme Davoy, vos façons galantes de traiter vos invitées ne laisseraient pas que de m’inquiéter un peu.
Et qui vous dit, ma chère, que monsieur n’en use pas tout aussi courtoisement avec sa femme ? Il est des manières d’être qui sont naturelles à certaines personnes.
Oh ! Mme Davoy m’apprécie… (À part.) Je ne connais rien d’aussi charmant que de badiner ainsi avec de jolies femmes. Je craignais qu’avec l’âge ce plaisir-là ne fût moins grand pour moi. Eh bien !… Je ne comprends rien à cela. — Est-ce par malice ou par bonté que la Providence en agit ainsi ? est-ce pour me consoler de mes cheveux blancs ou pour me les rendre insupportables ?
Madame fait prier monsieur de venir un moment.
C’est bon, j’y vais. (Le domestique sort.)
Que murmurez-vous donc là ?
Je dis, hélas ! chères et jolies dames… (Ces deux dames s’inclinent en souriant.) je dis que toutes les galanteries d’un pauvre vieux bonhomme comme moi ne sont plus guère dangereuses, et qu’on doit les lui passer, puisque c’est le dernier moyen qui lui reste de se faire tolérer.
Tout cela est fort bien dit, mais je ne m’y fierais pas, et je suis sûre que Mme Davoy, qui vous apprécie, ne juge pas les choses ainsi que vous. Voyons, supposez par hasard que M. Valery…