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Madame Valery.

Oh ! ne mettez pas mon mari en scène, je vous en prie.

Madame de Queyrel.

Pour un instant seulement, j’en aurai grand soin. Supposez donc que M. Valéry aille offrir une rose à Mme Davoy…

Monsieur Davoy.

À ma femme ! C’est inadmissible.

Madame de Queyrel.

Laissez-moi continuer. Inadmissible ! qu’en savez-vous ? Supposez que M. Valéry vienne offrir une rose à Mme Davoy, et lui dise avec un de ces sourires dont notre cher hôte a le secret : Sur ma prière, chère madame, accordez à cette rose la faveur de mourir dans vos cheveux.

Madame Valery, riant.

Quelles folies vous dites-vous là !

Madame de Queyrel, riant aussi.

C’est très sérieux. Il ne faut pas plaisanter avec les choses du cœur. Si M. Valéry faisait ce que je viens de dire, M. Davoy, j’en suis sûre, serait furieux, et il aurait bien raison.

Monsieur Davoy.

Vous êtes méchante.

Madame de Queyrel.

Moi méchante ! mais vous voyez bien que je plaisante. Tenez, venez vous asseoir ici, nous vous ferons une petite place, et nous causerons un peu gravement.

Monsieur Davoy.

Très volontiers. (Il prend place entre ces deux dames.)

Madame de Queyrel.

Vous seriez bien aimable, si vous vouliez me tenir un écheveau de soie.

Madame Valery.

Mais nous oublions que Mme Davoy a fait demander son mari ; il s’agit peut-être d’une chose importante.

Monsieur Davoy.

Oh ! soyez sans inquiétude, j’irai dans un instant. Ma femme me fait souvent demander ainsi, je la connais.

Madame de Queyrel.

Elle a peur de vous laisser seul ; elle craint peut-être que vous ne tombiez dans le bassin ?

Monsieur Davoy.

Ce n’est pas précisément cela, mais pour mille petites choses elle est indécise et désire avoir mon avis.

Madame Valery.

Oh ! je comprends tout à fait cela. Je voudrais être ainsi avec mon mari.