Oh ! je vous demandais tout simplement si vous croyez à la jalousie. N’est-ce pas que c’est une affreuse maladie ? Ah ! l’horreur.
Vous êtes bien sévère, c’est la faiblesse des gens qui aiment.
À la bonne heure.
C’est un malaise du cœur dont l’excès peut faire souffrir, mais dont la cause est toujours respectable. Rien de ce qui touche à l’amour n’est une laideur, rien, madame.
Bien, très bien. (À part.) Si sa femme l’entendait ! (Haut.) C’est justement là ce que je voulais vous faire dire.
Qu’est-ce donc, je vous le demande, que cette curiosité charmante, cette inquiétude si naturelle qui vous fait frissonner pendant l’absence de celui qu’on aime ? Il n’est plus là, mais on le voit encore avec les yeux de l’âme, on le suit, on marche à ses côtés. Il n’est absent qu’à moitié, on vit encore en lui. Non, ce n’est pas une maladie que ce merveilleux dédoublement de soi-même. C’est la tendresse en personne qui vous pousse le coude pour vous tenir éveillé.
Comme vous plaidez bien ! C’est là justement ce que je pensais ; seulement je n’aurais pas su m’expliquer, tandis que vous trouvez des expressions charmantes. (Avec une nuance de coquetterie.) On voit que vous avez le sentiment des choses délicates.
C’est la petite épreuve pour rire qui commence. (Haut.) Je me doutais bien que nous devions nous entendre. Voyez comme tôt ou tard les sympathies cachées se manifestent.
Comme il m’a regardée ! (Haut.) Voulez-vous maintenant m’offrir votre bras et venir rejoindre ces dames ?
Oh ! chère madame, on est si bien ici, et le soleil est si chaud ! Vous savez que nous avons un désert à traverser ?
Mais non, qu’importe ? Il faut aller les rejoindre.
Ne le disiez-vous pas vous-même à l’instant, la causerie est délicieuse entre gens qui sympathisent et qui se comprennent ?
Je ne crois pas avoir rien dit de cela.