Oui, oui, nous avons les mêmes idées en mille choses ; causons un peu, vous allez voir. Nous ne saurions être indifférens l’un à l’autre, j’en réponds. Depuis longtemps, je vous avais devinée. Hum !… hum !… La nature physique n’est-elle pas un reflet de la nature morale ? et n’entrevoit-on pas l’âme des personnes dans…
Partons, je vous en prie, partons.
… L’âme des personnes dans leur regard, leur geste, leur voix ? J’ai toujours pensé que la beauté du corps correspondait forcément à quelque qualité de l’esprit ou du cœur. N’êtes-vous pas de mon avis ?
Mais je ne sais pas du tout. Comment voulez-vous que je sache cela ? (À part.) Qu’a-t-il donc, mon Dieu, qu’a-t-il donc ?
Ne revenez pas, je vous en prie, sur un bon mouvement. Laissez-moi croire que par vos paroles de tout à l’heure, bien faites pour m’émouvoir, vous en conviendrez…
Mais quelles paroles ?
Vous m’invitiez à vous ouvrir mon cœur…
Je n’ai rien dit du tout, monsieur. (À part.) Je crois qu’il perd la tête.
Votre confiance attire la mienne. Je me sens à vos côtés comme auprès d’une amie. J’ai compris votre doux sourire… Ne vous en alarmez pas ! Votre regard m’a inondé de joie, vous en repentez-vous donc ? et la charité pour vous n’est-elle qu’une occasion de remords ? Non, non ! tout, jusqu’au timbre harmonieux de votre voix, me donne confiance et m’invite à parler. Je parlerai, madame, je parlerai. Je vous raconterai mes douleurs, car j’en ai ressenti. Je vous dirai ma vie…
Je vous en prie, monsieur !
Vous doutez de ma sincérité ? Oh ! je vous le jure, je vous la dirai toute entière, et dans vos deux mains blanches je déposerai mon pauvre cœur… (À part.) Je patauge un peu… (Haut.) mon pauvre cœur blessé.
Taisez-vous, monsieur, mais taisez-vous donc ! Je ne comprends pas un mot de ce que vous dites. Vous interprétez tout à fait de