Je n’en dirai pas autant du vôtre, qui n’en est pas un, je puis vous l’affirmer.
Le détour est habile, et vous vous entendez à désarmer les gens. Je ne vous aurais pas cru, jeune comme vous l’êtes, autant d’adresse et de sang-froid. Mon mari n’est point un saint, dites-vous ; mais il n’en affecte pas les allures, grâce à Dieu, et, loin de m’étonner, vous me ravissez, ma chère.
Votre ravissement n’est que l’écho du mien. Je ne puis m’empêcher de rire à l’idée des légèretés que mon mari a dû vous débiter.
Vous êtes d’humeur accommodante, mais, en face de certains… badinages, j’ai moins de philosophie que vous n’en prouvez, et, si je savais que mon mari vous a baisé la main en se jetant à vos pieds,… j’en serais émue, je ne le cache pas.
Soyez donc émue tout à votre aise, car M. de Queyrel a précisément fait la chose que vous dites.
C’est impossible ! J’exige que vous vous expliquiez. Où cela ?… Quand ?
Ici même, à l’instant. Et vous prétendez toujours que mon mari…
M’a manqué de respect d’une façon identique, il n’y a pas dix minutes, là-bas, en traversant le bosquet.
Vous vous moquez apparemment ? Ah ! ah ! ah !
Ce que vous dites, ma chère, n’a pas le sens commun ! Ah ! ah ! ah ! (Toutes deux presque en même temps se détournent et s’essuient rapidement les yeux. — Silence.)
Tout cela est indigne, oui, madame, indigne !
J’allais précisément vous le dire. (Elles vont s’asseoir l’une à gauche, l’autre à droite de la scène, fort émues et s’essuyant les yeux.)
Scène X.
Ah ! grand Dieu, mesdames, qu’il fait chaud !