travers mes intentions et mes sentimens, et, si je ne supposais que vous plaisantez, tout cela serait en vérité d’une… inconvenance… dont je ne veux plus me souvenir. Mais partons, partons immédiatement.
Oh ! pardon, chère madame. Si mes paroles vous blessent, oubliez-les… (Il lui prend la main.) de grâce, oubliez-les. (Il embrasse la main.) Pardon, pardon ! (Il embrasse encore.)
Retirez-vous !… retirez-vous. Ah ! mon Dieu ! mais il est fou !… mais il est fou ! Qu’ai-je donc pu lui dire ?… Quelle aventure !
Je me retire, madame.
Scène IX.
Justement ces messieurs vous cherchent ; allez les rejoindre, ils sont de ce côté. (Sort M. de Queyrel. — Ces deux dames, fort animées toutes deux, semblent chercher un moyen détourné d’entamer la conversation.)
Vous n’avez pas été jusqu’à la rivière, à ce que je vois ?
Vous voyez parfaitement juste, ma belle. Non, je n’y suis pas allée, et vous non plus, je m’imagine. En la compagnie de certaines personnes, la promenade ne saurait durer longtemps, et l’on doit y couper court au premier détour du chemin.
Qu’est-ce ? À qui donc en voulez-vous ? L’aigreur de vos paroles n’est pas sans m’étonner beaucoup. N’est-ce pas mon mari qui vous accompagnait ? Dans ce cas, vous devez comprendre ce qu’ont de blessant pour moi tous vos sous-entendus.
Si fort que vous puissiez être blessée, — ce que je regrette infiniment, — par ces sous-entendus, vous aurez peine à l’être autant que je le suis moi-même par les choses que je veux sous-entendre.
Que vous… voulez sous-entendre !… Mais vous le prenez sur un ton, madame, que je ne peux admettre. Vous feriez croire en vérité à des… étrangetés qui ne sont ni dans les goûts ni dans les habitudes de mon mari.
N’ajoutez rien, madame. Votre mari est un saint, c’est convenu.