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d’exécuter le concordat ; eh bien ! je ne veux plus du concordat. » M. d’Osmond, archevêque nommé de Florence, qui ne se trouvait pas bien loin de là, s’avança respectueusement et lui dit : « Sire, votre majesté ne déchirera pas de ses propres mains la plus belle page de son histoire. » Napoléon, insistant, répliqua « que les évêques avaient agi comme des lâches. — Non, sire, dit encore M. d’Osmond, car ils ont pris le parti du plus faible. » Cette réponse parut irriter l’empereur, et, faisant entendre à son interlocuteur que ce n’était pas à lui qu’il s’adressait, il lui tourna le dos. Le lendemain, M. d’Osmond recevait la visite de beaucoup de ses collègues, les uns contens, les autres effarouchés du langage qu’il avait tenu à l’empereur. Le cardinal Fesch ne lui dissimula point qu’il lui semblait qu’il était peut-être allé trop loin. « La seule faute que je puisse avoir commise, répondit avec assez d’à-propos M. d’Osmond, c’est d’avoir articulé ce que votre éminence aurait dû dire[1]. »

Napoléon savait très bien ce qu’il faisait quand il tâchait d’agir ainsi fortement sur les prélats, que ces brusques manières avaient alors pour but d’intimider. En effet, la question véritablement importante, celle qui avait motivé la réunion du concile et qui regardait l’institution canonique, demeurait encore à résoudre. Par elle-même, cette question est si grave, et la place qu’elle a tenue dans les délibérations de la docte assemblée est si considérable, que nous la réservons pour notre prochaine étude.


D’HAUSSONVILLE.

  1. Vie de M. d’Osmond, par l’abbé Guillaume, p. 587.