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retrouverons en cheveux gris au Luxembourg les deux amies de jeunesse. Au moment où nous sommes, Mme de Mirepoix est surtout pour nous l’une des plus séduisantes actrices de l’hôtel de Brancas. Après elle vient la comtesse de Forcalquier, qui joue les soubrettes dans les comédies de son mari. Dans une seule pièce, elle est remplacée comme soubrette par la duchesse de Luxembourg ; ce n’est pas celle qui, après avoir eu sous le nom de duchesse de Boufflers une jeunesse scandaleuse, devint dans sa vieillesse, et remariée au maréchal de Luxembourg, la terreur des femmes trop légères et la protectrice de J.-J. Rousseau. Il s’agit ici de la première femme du maréchal, fille du marquis de Seignelay. « Elle était, dit le président Hénault, d’une figure charmante, dansait admirablement, et jouait la comédie avec beaucoup de feu et d’intelligence. » À cette liste d’actrices de l’hôtel de Brancas, il faudrait ajouter, d’après le président, Mme du Deffand ; mais nous ne la trouvons point parmi les dames qui jouent dans les six comédies dont nous avons le manuscrit sous les yeux. Elle a probablement figuré dans les pièces que le président composa de son côté pour l’hôtel de Brancas[1]. Dans la notice sur Mme du Deffand qui précède sa correspondance avec la duchesse de Choiseul, M. de Sainte-Aulaire parle d’un divertissement inédit, sous forme de comédie, intitulé l’Apothéose de M. de Pont-de-Veyle, joué le 1er mars 1741, où figure comme actrice, avec Mmes de Rochefort et de Luxembourg, Mme du Deffand ; mais si celle-ci a joué quelques rôles, nous sommes porté à croire, d’après une lettre du recueil publié en 1809, qu’elle a peu pratiqué ce genre d’amusement, parce qu’elle n’y réussissait pas. Dans cette lettre, qui n’est pas datée, M. du Châtel, le père de Mme de Choiseul, explique à Mme du Deffand avec beaucoup de complimens pourquoi ses talens d’actrice ne se développeront pas. « Vous êtes faite, lui dit-il, pour attraper la nature du premier bond : aussi propre qu’elle à créer, vous n’entendez rien à imiter. » — Les acteurs sont un peu plus nombreux. Nommons d’abord le marquis d’Ussé, que nous connaissons déjà, et qui joue les pères nobles. — Les rôles d’amoureux et de petit-maître sont tenus par le duc de Nivernois, alors fort jeune, ensuite par le duc de Duras, le marquis de Gontaut, le marquis de Clermont d’Amboise, le marquis d’Adhémar et le comte de Forcalquier, qui joue dans une de ses pièces. C’est Duclos qui figure presque toujours dans les rôles de valet.

La première comédie, en trois actes, intitulée les Blasés, roule

  1. Les comédies du président Hénault ont été publiées sous l’anonyme, en 1770, en un volume avec ce titre : Pièces de théâtre en vers et en prose.