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le sacerdoce et l’empire avaient, après tant de siècles, trouvé un terme. Ce n’était pas seulement pour la France que cela était fait, c’était pour le monde chrétien, qui ne pouvait manquer de s’y conformer ;… ce n’étaient pas seulement ses affaires que faisait Napoléon avec cet accord, c’étaient encore celles des autres souverains, auxquels il épargnait par son exemple les embarras qui les attendent…[1]. » Pourtant, de l’aveu de l’archevêque nommé de Malines, le changement du mode d’institution des évêques n’était point sans difficultés. « Il s’agissait, ajoute-t-il dans un autre passage de son livre, d’un droit positif généralement reconnu dans l’église, à savoir : que l’institution canonique doit être donnée par le pape. Pour apporter des modifications à cet ordre de choses, le concours du saint-père était nécessaire… C’était une chaîne dont il tenait les deux bouts… La commission ecclésiastique l’avait senti ; mais elle avait pensé que dans le cas de nécessité extrême une grande église telle que celle de France se trouvait autorisée par le malheur des circonstances à pourvoir à son propre salut… Les sociétés renferment toutes dans leur sein le principe de conservation qu’elles ont reçu de la même main qui leur donna l’existence. L’église n’est pas à ce point de vue une société d’une condition pire que les autres. Elle ne peut manquer des moyens de conservation qui servent à les préserver toutes. Elle ne saurait consentir à sa perte en restant dans une inaction mortelle… Après avoir employé tous les moyens avoués par la raison pour amener la fin du désordre, il lui reste à remplir un devoir vis-à-vis d’elle-même, celui de songer à sa propre conservation en se renfermant dans l’emploi des moyens légaux, tels que le retour, au moins momentané, aux anciens canons et à la discipline que les droits positifs ont abrogée. Ceux-ci, ne pouvant être observés dans le moment, sont comme s’ils n’existaient pas. On rentre alors dans ces lois de nécessité des temps, comme dit Cyprien, que Dieu permet et que l’homme ne commande pas[2]. »

Nous avons voulu donner in extenso la défense des thèses soutenues dans le concile de 1811 par les évêques qui ont embrassé, à cette époque le parti de l’empereur. Cela nous a paru indispensable. A notre sens, il n’est ni juste ni utile, quand on raconte les scènes d’un drame passablement compliqué, de dissimuler ou d’affaiblir les motifs qu’ont allégués pour expliquer leur conduite les acteurs qui, dans des circonstances délicates et sur des points un peu incertains de leur nature, ont émis des opinions ardemment

  1. L’abbé de Pradt, Histoire des Quatre Concordats, t. II, p. 480.
  2. Ibid., t. II, p. 475-476.