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ment classique, se sont décidées à encourager les études mixtes qui conduisent aux emplois publics. Elles ont institué à cet effet ce qu’elles ont appelé des examens locaux, qui portent sur certaines matières obligatoires, la grammaire, l’arithmétique, la géographie, et sur d’autres facultatives, les langues mortes et vivantes, les mathématiques, les sciences physiques, le dessin. Ces examens et les certificats qui en sont le résultat deviennent pour les enfans des classes moyennes ce que les grades universitaires sont pour les enfans des familles riches.

L’instruction variée que le gouvernement exige pour ses services militaires et civils, et que les universités constatent par les examens locaux, les enfans iront-ils l’acquérir dans les écoles de grammaire, qui relèguent les mathématiques au dernier plan, et d’où les sciences physiques sont presque absentes? Les écoles anciennes n’ont aucun souci de préparer des candidats pour ces divers genres d’épreuves ; elles ont des élèves autant qu’il leur en faut ; la faveur publique continue à les accompagner dans le cercle étroit de l’instruction classique; les prévôts, agrégés et principaux, par qui elles sont gouvernées, se considèrent comme responsables du maintien des vieilles traditions scolaires. Par conviction aussi bien que par respect pour des usages séculaires, ils refusent de s’en écarter. Cela étant, il a bien fallu qu’il se créât ailleurs des écoles modernes mieux appropriées à l’enseignement professionnel que l’état réclame aussi bien que les négocians et les industriels.

Parmi les établissemens qui sont venus combler cette lacune, l’école de Marlborough mérite d’être citée à part, non-seulement parce que les études y sont fort bien organisées, mais surtout parce qu’elle est l’œuvre d’une assez singulière association. Des ecclésiastiques anglicans, — ils sont presque tous mariés, comme l’on sait, — voyaient avec regret leurs enfans souvent exclus des bonnes écoles de grammaire, d’abord parce que l’éducation s’y paie à trop haut prix, en second lieu parce qu’elles ne préparent pas directement à l’exercice d’une profession. Quelques-uns s’entendirent, il y a vingt-cinq ans, pour fonder une école préparatoire aux services civils et militaires qui fût gérée dans de meilleures conditions économiques sans rien sacrifier des avantages pédagogiques que procurent les anciennes institutions. Le siège du nouvel établissement fut placé à Marlborough, petite ville de 3,000 âmes, à trente lieues de Londres, dans un pays où le terrain n’est pas cher et où la vie est à bon marché. L’organisation eut un caractère franchement ecclésiastique. L’évêque du diocèse, l’archevêque de Cantorbéry et l’évêque de Londres furent les principaux dignitaires. Tout évêque