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intelligente : ils ont souvent possédé, surtout pour la philosophie et les sciences exactes, des professeurs dont la renommée était européenne; mais le niveau des études paraît s’être abaissé par l’effet de diverses circonstances. Peut-être la facilité des communications y a-t-elle puissamment contribué. De plus les enfans de l’Écosse ont, paraît-il, un accent désagréable que l’on considère comme un cachet provincial. Les parens sont bien aises de faire disparaître dès le jeune âge par un séjour prolongé en Angleterre ce léger défaut qui rend un peu ridicules les jeunes gens destinés à vivre plus tard dans la haute société. De cette absence systématique des enfans de bonne famille, il est résulté qu’un bien petit nombre des enfans que contiennent les écoles ont le loisir d’y prolonger leur séjour jusqu’à l’âge de vingt-quatre ou vingt-cinq ans, terme habituel des études universitaire?. Les exigences d’une vie modeste décident les jeunes gens à abréger le cours de l’enseignement général pour commencer plus tôt l’apprentissage d’une profession. Il est passé maintenant dans les habitudes que l’instruction secondaire se termine vers quinze ou seize ans, et que l’instruction supérieure proprement dite, qu’il appartient aux universités de dispenser, se continue jusqu’à dix-neuf ans au plus.

L’Écosse a le droit d’être fière de l’ancienneté de ses écoles, car on en cite plusieurs qui existaient avant l’an 1200, et il paraît certain qu’au XVIe siècle il y avait un grand nombre d’écoles de grammaire dans ce pays si éloigné du centre intellectuel de l’Europe. On cite même un document de cette époque qui imposait l’enseignement obligatoire aux fils des propriétaires fonciers, prescription prématurée qui resta sans doute à l’état de lettre morte en ces temps reculés, puisque l’on a tant de peine à la faire exécuter aujourd’hui chez les peuples qui l’ont sanctionnée. La création d’un système général d’enseignement populaire fut l’œuvre de la réforme religieuse, qui eut en Écosse un caractère spécial de rigidité. Chaque paroisse fut contrainte, par une loi qui remonte à plus de deux siècles, d’avoir une école ; puis il se forma peu à peu des écoles plus importantes que l’on appela collèges ou académies, et des universités qui sont encore au nombre de cinq, nombre excessif pour un si petit territoire.

On ne doit pas s’attendre à trouver dans les écoles paroissiales de ce pays l’image de ce que les écoles primaires sont en d’autres contrées, chez nous par exemple. Les paroisses pourvoient avec libéralité aux besoins de l’instruction publique; l’instituteur atteint sans peine, avec les rétributions scolaires et d’autres petits profits, un traitement supérieur à 2,000 francs. Dans un pays où la vie est à bon marché, où la frugalité est une habitude, ce serait déjà une