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En outre, ils ont été mis par une réorganisation récente au niveau des progrès du siècle. En général, les écoles dont les méthodes d’enseignement ont été récemment modifiées se décorent du nom d’académies ; cependant on n’y voit pas plus qu’ailleurs une ligne de démarcation entre l’instruction primaire et l’instruction secondaire. Écoles paroissiales, académies ou universités, toutes se font concurrence.

L’organisation même des études en est un peu la cause. Il n’y a pas en Écosse un programme commun à tous les élèves. On enseigne les langues mortes et vivantes, les mathématiques, les sciences naturelles, le dessin. Chaque matière d’enseignement est tarifée ; les parens ont liberté entière de faire apprendre à leurs enfans ce qui leur convient. Celui-ci se contente du latin, un autre se borne aux mathématiques. L’instruction religieuse elle-même n’est pas obligatoire ; le plus souvent elle est conforme aux principes de l’église presbytérienne. Les enfans d’une autre croyance qui s’abstiennent d’y prendre part ne font qu’user d’une liberté commune à tous les élèves de l’école. L’avantage principal de ce système d’éducation est que chaque père de famille a la latitude de réduire autant qu’il lui convient la rétribution scolaire. Comme d’ailleurs toutes les écoles sont des externats et que les élèves trop éloignés du toit paternel sont libres de se loger en ville suivant leurs moyens, les familles qui jouissent d’un revenu médiocre peuvent aussi bien que les plus riches procurer à leurs enfans le bénéfice d’un enseignement secondaire plus ou moins prolongé. Ce système permet aussi de réunir dans les mêmes classes les jeunes filles et les jeunes garçons. Ce n’est pas un des moins étonnans caractères de l’instruction publique en Écosse que le mélange des deux sexes dans toutes les écoles.

On doit comprendre par ce qui précède que ce qu’il y a de plus remarquable dans le régime scolaire de ce pays est le manque absolu d’organisation. La liberté prévaut partout. Nous avons des lois, des décrets ou des arrêtés ministériels soigneusement élaborés qui interdisent la confusion des sexes, qui règlent les conditions de l’internat, qui limitent la compétence des maîtres et dressent des programmes obligatoires. Le maître de pension le plus honorable et le professeur le plus autorisé sont obligés de se tenir sur le lit de Procruste des prescriptions universitaires. Il n’y a rien de semblable en Écosse. On ne s’en trouve pas plus mal, puisque les jeunes Écossais se distinguent, nous l’avons déjà dit, par la solidité et la trempe de leur éducation ; mais c’est qu’il y a au dehors des écoles une force singulière qui contre-balance les vices du système. Cette force, c’est l’intérêt extraordinaire que les parens prennent à