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non moins intéressant, dont on s’est beaucoup occupé depuis quelques années : c’est celui de la monnaie internationale[1]. L’adoption d’un étalon unique est le préliminaire indispensable d’une réforme de ce genre. On peut discuter sur les mérites de cette réforme; mais, si on les admet, et quel que soit le système que l’on propose pour la réaliser, on reconnaît que la première chose à faire, c’est de s’entendre pour n’avoir qu’un étalon. Avec les deux, on serait soumis à toutes les variations qui résulteraient de la différence du rapport existant entre eux, et on n’aurait jamais de base certaine. Cette vérité n’a pas besoin d’être démontrée, elle saute aux yeux. Voyons les avantages de la monnaie internationale.


I.

Le premier avantage, qui est incontestable, c’est une plus grande facilité fournie au commerce extérieur. Il est évident que, si partout on avait une monnaie semblable, un même type de valeur auquel on pût rapporter le prix des choses, on s’entendrait mieux sur tous les marchés du monde; on saurait mieux où l’on peut acheter et où l’on peut vendre. Quand un commerçant français lit dans un journal que le prix du café à Cuba est de 20 piastres fortes le quintal ou les 100 kilogrammes, et celui du coton à la Nouvelle-Orléans de 80 dollars la balle de 145 kilogrammes, il est obligé de faire un calcul de réduction de ces monnaies en monnaies françaises, il est plus embarrassé que s’il voyait du premier coup d’œil qu’il s’agit de 116 francs pour le café et de 424 francs pour le coton. Aussi le commerce avec l’étranger est-il presque partout le monopole des grandes maisons, précisément parce qu’elles ont des moyens que n’ont pas les autres, qu’elles peuvent faire les frais de commis spéciaux qui leur traduisent les mercuriales du dehors. Elles se servent de ce monopole pour augmenter le prix de leurs services. Si l’appréciation de ces mercuriales était à la portée de tout le monde, on n’aurait plus autant besoin d’intermédiaires, et on pourrait faire directement sa vente ou sa commande. Il en résulterait dans les prix un abaissement calculé non-seulement sur l’économie de ces commis spéciaux, mais sur les effets ordinaires de la concurrence. Le commerce extérieur se démocratiserait, et en se démocratisant il profiterait à plus de monde.

Je ne mentionne qu’en passant un autre avantage de la monnaie

  1. Voyez, dans la Revue du 1er août 1867, un excellent travail sur la Monnaie internationale, par M. de Laveleye.