Il y a une quinzaine d’années, un Holsteinois, M. Klaus Groth, publia, sous le titre un peu ambitieux de Quickborn (sources vives), un recueil de poésies en bas-allemand[1]. M. Groth ne briguait point le suffrage populaire, et il ne l’obtint pas; comme autrefois Hebel, c’était « aux amis de la nature et des mœurs champêtres » qu’il s’adressait de préférence. Le livre n’avait de bas-allemand que la forme, juste de quoi réveiller le goût d’un public blasé, en quête de sensations nouvelles. Malgré mainte page heureuse, ce n’était qu’un pastiche après tout que ces sources vives; l’intention de renouveler la poésie nationale s’y trahissait à chaque instant. La manière ne déplaît point aux raffinés, et ses défauts même achevèrent de gagner à M. Groth l’admiration des beaux esprits. Ce succès remit
- ↑ Le plat-deutsch ou bas-allemand est parlé, avec des différences de dialecte, dans tout le nord de l’Allemagne, de Memel à Aix-la-Chapelle, par 8 ou 10 millions d’hommes environ. C’est la langue du peuple, des marins et de la petite bourgeoisie. En Mecklembourg, il est répandu même dans les meilleures familles.