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réforme tant dans l’organisation intérieure que dans la politique extérieure du pays, et témoigna le désir de voir les représentans étrangers venir à Osaka pour s’occuper de l’ouverture définitive des derniers ports stipulés dans les traités. Il fallait avant tout procéder à l’organisation des finances, jusque-là très défectueuse, et à celle d’une armée permanente, force indispensable pour faire respecter l’autorité la mieux intentionnée vis-à-vis de daïmios placés à la tête d’une grande puissance militaire. Une mission d’officiers demandée au gouvernement français arriva au Japon en janvier 1867. Assistée d’un certain nombre de sous-officiers instructeurs, elle s’établit à Yokohama, puis à Yeddo, où elle se mit sérieusement à l’œuvre. La construction d’un petit arsenal maritime avait été commencée sous la direction d’ingénieurs français dans la baie de Yokoska, près de l’entrée du golfe de Yeddo ; les travaux, arrêtés en 1865, furent repris et poussés avec activité. Un jeune frère de Stotsbachi, cadet comme lui de la famille de Mito, le prince Mimboutaiou[1], fut envoyé en France, où il devait, à l’exemple de nombreux Japonais de son âge résidant déjà dans divers pays d’Occident, s’initier aux sciences et aux affaires européennes. En mai 1867, les ministres étrangers se rendirent à Osaka. Le taïcoun y habitait, entouré d’un nombreux personnel, l’immense château que ses prédécesseurs ont bâti au centre de cette ville. Il les reçut dans l’intérieur de son palais, les fit assister à des manœuvres militaires, et suivit à son tour les parades des détachemens de troupes européennes amenés pour servir d’escorte. Après avoir notifié son intention de voir les derniers ports ouverts au 1er janvier 1868, il chargea ses ministres de discuter les conventions, qui furent arrêtées et signées le 17 mai 1867.

La ville d’Osaka, cité commerçante de 4 à 500,000 habitans, est située à 3 milles en amont de l’embouchure d’un grand cours d’eau, l’Odongawa, qui se jette au fond du golfe d’Osaka dans la mer intérieure. Sa principale richesse consiste dans les productions naturelles du pays. Les grands daïmios et propriétaires des provinces environnantes y font arriver les produits de leurs terres, hypothéqués en faveur des banquiers qui leur ont avancé des fonds ; des adjudications publiques les font passer des koura-hiashkis, ou magasins des daïmios, entre les mains des gros marchands de la cité, lesquels ont sur les banques un certain crédit jusqu’à placement d’une partie de ces produits. Il en résulte que la corporation des banquiers d’Osaka forme une société puissante sous l’action directe du gouvernement, qui surveille son administration

  1. C’est ce jeune prince que l’on a va figurer, en 1867, dans la réunion des souverains amenés à Paris par l’exposition universelle. Il vient de rentrer au Japon, rappelé par le nouveau gouvernement,