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première phase du travail, on chauffe à une température assez basse pour ne mettre d’abord en liberté que les essences légères. Celles-ci, bien connues par l’odeur éthérée qu’elles dégagent, sont le seul élément explosible du pétrole, et se distinguent tout à fait de l’huile d’éclairage proprement dite. Sous le nom de benzole, elles servent, aussi bien que les essences extraites de la houille, à dissoudre les résines et les corps gras. L’huile d’éclairage ne commence de distiller qu’à une température un peu plus élevée ; les vapeurs produites pendant cette seconde phase traversent aussi le col-de-cygne de l’alambic, et vont se condenser dans un réfrigérant d’où le liquide est envoyé aux laveurs.

À ce moment commence le raffinage proprement dit, qui consiste à purifier les huiles en leur faisant subir un premier traitement par l’acide sulfurique, puis un autre par l’alcali, ou solution de soude caustique. Dans ces deux traitemens, le mélange est agité avec force pendant un temps assez long au moyen de palettes mues par la vapeur. On obtient ainsi un très beau produit incolore, qui prend une légère teinte opaline sous l’action des rayons réfléchis. Avant de livrer cette huile d’éclairage au commerce, on lui fait subir dans l’usine « l’épreuve du feu ; » en d’autres termes, on s’assure que, chauffée au degré voulu par la loi, elle n’émet aucune vapeur inflammable. Pour cela, il suffit de plonger la boule d’un thermomètre dans un récipient de verre ou de porcelaine qui contient l’huile ; au-dessous du récipient, on allume une petite lampe à alcool. Dès que le thermomètre annonce que la température vient d’atteindre la limite réglementaire[1], on promène une flamme à la surface du liquide ; s’il se dégage des vapeurs, elles prennent feu soudain ; l’huile doit être alors remise dans les cornues pour y subir une nouvelle distillation. La dernière phase du traitement de la matière brute consiste à élever encore la température dans les cornues après le départ de l’huile d’éclairage ; on recueille ainsi les huiles lourdes, qui sont généralement employées pour lubrifier les articulations des machines. C’est pendant cette phase que la paraffine distille ; on veille avec soin à ce que la température du réfrigérant ne soit pas assez basse pour que cette matière se coagule dans le serpentin, car il se produirait un arrêt brusque dans la circulation des vapeurs, et la cornue de fer éclaterait. La paraffine, encore fluide, est dirigée dans de vastes caves disposées en glacières souterraines où elle se coagule en toute saison. Une fois qu’elle est figée, on la comprime sous la presse hydraulique. Le liquide qui s’écoule de la paraffine pendant cette opération est encore

  1. Le fire test se fait à 110 degrés Fahrenheit, en nombre exact 43 degrés centigrades et 3 dixièmes.