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Il n’arrivait en Portugal que pour devenir un objet de méfiance universelle, pour être un prétexte de révolution. On lui disputait la moindre prérogative, on le traitait en étranger, on l’abreuvait d’avanies. Lorsqu’il a été régent après la mort de la reine, on n’a plus vu en lui que le prince affable, libéral et bien intentionné. Il avait eu à faire sa position. Dans cet apprentissage de la royauté, il avait trouvé, il est vrai, un conseiller prudent qui le dirigeait de loin ; c’était son oncle de Belgique, le roi Léopold Ier lui-même. Celui-là était un maître en fait de monarchie constitutionnelle, et ses lettres sur les affaires portugaises sont un des attraits du livre de M. Goblet d’Alviella. Le roi Léopold savait comment il faut se conduire avec les hommes et avec les choses, avec les ambitions comme avec les intérêts, et il recommandait surtout de ne rien faire par la force des armes, de se familiariser avec le pays, « de se mettre bien en tête que les choses nécessaires pour constituer un gouvernement monarchique doivent être conquises par la voie constitutionnelle. » Le souverain belge se montre dans ses lettres tel que le peint à son tour M. Émile de Laveleye dans un portrait qu’on a pu lire ici et que l’auteur a joint à un intéressant recueil d’Etudes et essais. C’est le roi Léopold tout entier, fondateur pour sa part d’une monarchie constitutionnelle qui lui survit ; homme d’état européen par son influence, par ses conseils, par l’ascendant d’un esprit sagace et avisé. Ces histoires sont toujours instructives pour ceux qui cherchent la solution de cet éternel problème de l’alliance de la liberté et de l’ordre au sein de nos sociétés agitées. ch. de mazade.




ESSAIS ET NOTICES.

SOCIÉTÉ DES AGRICULTEURS DE FRANCE.
annuaire de 1869.

On sait qu’il s’est formé à Paris l’année dernière une société libre des agriculteurs de France, pour reprendre la tradition de l’ancien Congrès central d’agriculture, supprimé après 1851. Cette société vient de publier son premier annuaire ; on y trouve la liste des membres, qui dépassent aujourd’hui 2, 500, et le compte-rendu de la première session. La liste des souscripteurs montre que les hommes les plus connus par leur attachement à l’agriculture ont tenu à honneur d’y figurer. La société a choisi M. Drouyn de Lhuys pour président. En cette qualité, M. Drouyn de Lhuys a écrit lui-même la préface de l’annuaire ; il y raconte l’histoire de la fondation de la société, et y fait ressortir le but patriotique qu’elle se propose. On a voulu réunir en un seul faisceau, pour leur donner plus de force, les intérêts agricoles, et les habituer à se défendre