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plus pressans de l’agriculture sans attendre la confection du code rural, qui peut encore subir de longs retards ; 5° que les articles 2102 et 2076 du code civil soient modifiés dans un sens plus favorable à la culture, et que, dans la création d’établissemens de crédit rural, on s’abstienne de faire intervenir la garantie de l’état et le concours de ses agens ; 6° qu’aucune réglementation législative ne gêne la liberté des conventions entre les propriétaires et les métayers, et que les métayers aient une part dans les récompenses accordées aux travaux agricoles ; 7° qu’on remette en vigueur la loi de 1851, qui instituait une représentation élective de l’agriculture. Toutes ces propositions ont eu l’assentiment général, à l’exception de la modification de l’article 2102, qui a été rejetée après un débat assez vif, mais un peu en dehors du sujet. La question des chemins ruraux et la question générale du crédit agricole ont été renvoyées à des commissions. Un membre a fait une tentative pour saisir l’assemblée générale de la discussion sur le libre échange à propos du traité avec l’Angleterre. Cette question, qui passionnait autrefois les agriculteurs, a été écartée d’un commun accord.

Enfin la dixième section, enseignement agricole, a fait émettre des vœux pour le rétablissement de l’ancien Institut national agronomique avec les changemens dont l’expérience a démontré l’utilité, pour l’augmentation du nombre des écoles régionales, pour la création d’une ferme-école basée sur la participation des élèves aux bénéfices de l’exploitation, pour le développement des orphelinats agricoles, pour la multiplication des stations d’essais à l’imitation des établissemens allemands du même nom et de celui qui vient de se fonder à Nancy. Ici encore, les vœux de la société ont déjà reçu un commencement d’exécution. Un amendement au budget signé par cent quarante-six députés, c’est-à-dire par la majorité de la chambre, a été présenté au corps législatif dans l’intérêt de renseignement agricole ; le ministre a pris l’engagement de s’en occuper, et l’amendement a été retiré par les signataires.

Ces votes montrent bien l’esprit qui a régné dans cette assemblée improvisée. Elle n’a eu qu’une seule pensée, la prospérité de l’agriculture nationale. Étrangère à tout esprit de parti, elle a fait preuve d’autant de modération que d’indépendance. On a donc peine à comprendre pourquoi le ministère de l’intérieur lui fait encore attendre l’autorisation dont elle a besoin. Cette hésitation inexplicable a déjà eu un résultat fâcheux pour le gouvernement. La société avait annoncé l’intention de provoquer des congrès régionaux dans les provinces. Elle a dû y renoncer, faute de l’autorisation préalable. Les principaux agriculteurs de plusieurs régions se sont alors réunis spontanément, et ont organisé eux-mêmes des congrès en vertu de la loi sur les réunions. Le plus important vient de se tenir à Lyon, M. Drouyn de Lhuys, président de la société, invité à s’y rendre, a été élu président du congrès, ce qui ne laisse