aucun doute sur le sens de cette manifestation locale. La réunion de Lyon a été presque aussi nombreuse que l’assemblée générale, les discussions ont duré trois-jours, avec autant de liberté que d’éclat. Le préfet du Rhône, collègue de M. Drouyn de Lhuys au sénat, s’y est en quelque sorte associé en-assistant à lune des séances, et en félicitant l’agriculture dans un discours public d’avoir voulu « faire elle-même ses affaires. »
En présence de pareils faits, l’autorisation ne peut tarder bien longtemps. Toutes les difficultés ne seront pas encore aplanies pour la nouvelle société. Il lui reste fort à faire avant d’acquérir l’importance de la Société royale d’agriculture d’Angleterre, qui compte 5,000 membres pour un territoire égal au quart de la France. Naturellement la plupart des premiers souscripteurs appartiennent à la région dont Paris est le centre ; outre que cette région est la plus riche, ceux qui l’habitent viennent à tout moment à Paris pour leurs affaires, et ont l’habitude de s’y réunir. A mesure qu’on s’éloigne de Paris, le nombre des adhérens diminue, et dans l’assemblée générale tout le monde a pu remarquer un sentiment de défiance prononcé contre l’influence prépondérante de la région parisienne. La société avait voulu y répondre en instituant les congrès régionaux : ce n’est peut-être pas assez. Quelques membres avaient proposé de diviser la société elle-même en sections régionales ; cet amendement a été rejeté comme n’étant pas assez étudié : il contient peut-être une idée féconde. Il a déjà été entendu que le conseil d’administration serait composé de trois membres par région ; dans la précipitation d’une première réunion, cette nomination a dû être faite par l’assemblée générale ; ne pourrait-on pas remettre à l’avenir aux régions elles-mêmes le droit de nommer leurs représentans dans le conseil ?
Les adhésions seraient certainement plus nombreuses, si chaque région pouvait se constituer à part avant de se fondre dans la grande unité. Le congrès de Lyon a fait faire un grand pas ; la seconde série des concours régionaux au mois de juin amènera sans doute de nouveaux incidens. L’Association normande, qui réunit depuis trente ans les cinq départemens de l’ancienne Normandie, montre comment pourraient s’établir et fonctionner ces sociétés régionales. L’Association bretonne a donné un autre exemple. Il est question en ce moment d’en fonder une à Aix pour les départements de l’ancienne Provence. Les autres parties de la France ne voudront probablement pas rester en arrière. La Société des agriculteurs prendrait alors une forme fédérative, la seule qui puisse donner une large satisfaction à tous les intérêts.
L. DE LAVERGNE.
L. BULOZ.