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LA SERBIE
AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

VI.
Les révolutions de 1842 et de 1858. — Le prince Michel Obrenovitch, le prince Kara-Georgevitch. — Le retour et la mort de Milosch.

Dans la première moitié de notre siècle, l’Orient a vu paraître de tragiques figures dont la grandeur a étonné le monde ; sur le trône des sultans, un Sélim, un Mahmoud ; en Égypte, Méhémet-Ali avec son fils Ibrahim ; en Serbie, Kara-George et Milosch. S’il s’agit simplement de puissance et d’audace en dehors de toute moralité, ne faut-il pas ajouter à cette liste le génie même de l’ambition et de la ruse, l’odieux Ali de Tébélen, pacha de Janina ? De ces personnages, qui à des titres divers ont si vivement frappé les imaginations, plusieurs ont déjà disparu au moment où nous sommes parvenus dans ce récit ; Sélim est tombé en 1808 sous les coups des janissaires, irrités de ses réformes ; Kara-George, en 1817, a eu la tête tranchée par un des siens qui voulait le soustraire à la vengeance des Turcs ; Ali de Tébélen, égorgé par les soldats de Mahmoud, a expié en 1822 ses horribles forfaits ; deux des plus grands, des plus dignes d’intérêt à coup, sûr malgré les fautes qu’ils ont commises, Mahmoud et Milosch, quittent la scène presque en même temps. Le 13 juin 1839, à la suite des événemens que nous avons racontés[1], Milosch, prince héréditaire des Serbes, abdique en faveur de son fils ; trois semaines après, le 1er juillet, Mahmoud, qui

  1. Voyez la Revue du 1er avril.