d’une fois des négociations secrètes ont été engagées. Déjà, dit-on, en 1864, à l’époque de la guerre du Slesvig, le roi Charles XV de Suède prenait personnellement, et en dehors des voies ordinaires de la diplomatie, l’initiative d’un acte d’alliance qui aurait réalisé l’association scandinave en respectant l’autonomie des trois royaumes et en préparant, par certaines combinaisons, la fusion des dynasties. Des hommes considérables de Stockholm et de Copenhague servaient d’intermédiaires, et s’associaient à cette négociation. L’acte émané du roi Charles XV existe. L’idée ne put se réaliser alors, soit que la Suède elle-même, absorbée dans les réformes intérieures qu’elle accomplissait, hésitât à s’engager dans une guerre, soit que le Danemark fût exclusivement occupé de sa défense contre la Prusse et tînt encore à ses duchés allemands, qu’il espérait toujours sauver, soit qu’on craignît d’indisposer la diplomatie européenne, dont on croyait avoir besoin. Cependant l’idée ne s’est pas perdue; elle est restée dans les esprits, elle se propage par des associations, par des journaux où se retrouvent des écrivains des trois pays. Le mariage récent du prince royal de Danemark et de la princesse de Suède est venu la raviver. L’avenir de ces nations du nord est là sans doute, et pour la France elle-même, s’il y a des unités menaçantes, offensives, il y en a aussi certainement qui sont une défense, une garantie dont elle n’a point à suivre la formation avec une inquiétude ombrageuse.
La lutte peut être latente sur bien des points en Europe. Aujourd’hui elle n’est flagrante nulle part. L’Espagne a tout au plus ses feux de paille des mouvemens carlistes. Il ne suffit pas qu’un pays soit dans l’embarras pour que toutes les insurrections y trouvent subitement faveur. Encore faut-il bien choisir l’occasion, encore faut-il avoir quelque avantage à offrir aux populations qu’on cherche à conquérir. Le parti carliste espagnol n’a pas su attendre l’occasion, si tant est qu’elle doive jamais revenir pour lui, et il n’a guère à présenter à l’Espagne qu’un drapeau suranné. Depuis un an, il a retrouvé une ombre de vie et surtout l’espérance, il a cru que la révolution qui venait de renverser la reine Isabelle allait rouvrir à son jeune chef la route du trône; pendant des mois, il s’est préparé, il a voulu enfin tenter la fortune, et comme une insurrection de la légitimité doit avoir sa petite légende, on a raconté que l’infant don Carlos avait pénétré en Espagne, qu’il avait assisté à un banquet mystérieux, qu’il avait tiré un coup de pistolet symbolique en signe de prise de possession de son royaume, — après quoi il ne restait plus qu’à marcher de victoire en victoire, et à faire le plus facile, c’est-à-dire à prendre possession réellement! Il paraît que ce n’était pas aussi aisé qu’on l’avait cru. L’insurrection a éclaté, et n’a point triomphé du tout. Des bandes se sont montrées sur divers points, dans la Manche, du côté de Léon, un peu en Catalogne, fort peu dans la Navarre, nullement dans les provinces basques; par le fait, ces bandes ont gagné plus de victoires sur le papier, dans les bulletins publiés en France, que sur le terrain de l’action en