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les garnis et les mœurs. La police municipale et la police administrative sont en relations constantes ; elles s’entr’aident, se renseignent, s’éclairent mutuellement, se côtoient sans se mêler, et fonctionnent de telle sorte que chaque section du service actif a son analogue et son correspondant au service sédentaire. Ce système est appliqué à l’extérieur même de la préfecture, dans les divers quartiers de Paris, où le commissaire représente la partie administrative, tandis que l’officier de paix est l’agent direct de la police active. Tous les ordres de recherches sont transmis par le service administratif, tous les renseignemens spéciaux sont recueillis par le service actif ; le premier donne l’impulsion, le second la suit ; en un mot, l’un est la tête et l’autre est le bras. Le but poursuivi est le même : le respect de la loi qui sauvegarde la vie, la propriété et la moralité.


I

Un décret du 17 septembre 1854, réorganisant la police urbaine de Paris, a donné une grande extension aux sergens de ville, qui, jadis assez rares, étaient devenus insuffisans en présence de l’accroissement de la population. On les a distribués dans Paris tout entier, et ils ont pris la place de ces détachemens de soldats qui s’étageaient jadis de quartier en quartier. Chacun des vingt arrondissemens est gardé par trois brigades de sergens de ville composant une division qui obéit à un officier de paix. Tous les jours, ce dernier va réglementairement à l’ordre auprès du chef de la police municipale ; de quatre heures en quatre heures, il expédie à la préfecture un rapport obligatoire, qui le plus souvent se compose des trois mots si connus dans les administrations : rien de nouveau ; de plus, lorsqu’un fait anormal se produit, — assassinat, vol important, incendie, rupture de conduite d’eau, effondrement d’égout, écroulement de maison, — un exprès est envoyé à toute vitesse rue de Jérusalem. Cette mesure est bonne et permet d’être renseigné sans délai sur tous les accidens graves qui se manifestent incessamment dans une ville aussi populeuse que Paris ; néanmoins elle pourrait être plus complète encore et plus radicale. Qui empêche de relier les postes de police à la préfecture par des fils télégraphiques directs et absolument indépendans du bureau central de la rue de Grenelle, où toute dépêche doit passer avant d’être transmise au destinataire ? En fait de sécurité publique, les moyens d’information ne sont jamais assez précis, assez rapides, assez puissans. Un meurtre est commis à Levallois ou à La Glacière ; avant que les inspecteurs spéciaux de la sûreté en aient reçu avis à la préfecture