moins être considérés comme accroissant d’autant le chiffre de l’amortissement déjà réalisé. Une autre dépense qu’on pourrait également défalquer de la dette et qui depuis peu est regardée comme formant un chapitre spécial, ce sont les obligations trentenaires émises par le gouvernement pour hâter la construction des lignes ferrées du Pacifique. Le total de ces subventions aux compagnies s’élevait à 301 millions le 1er avril 1869. L’année fiscale qui nous occupe a donc été grevée de déboursés exceptionnels. Du 1er novembre 1867 au 1er novembre 1868, — et cette période a été signalée dans le rapport de M. Mac-Culloch comme la plus pénible pour les intérêts du trésor fédéral, — celui-ci a fourni sur ses ressources ordinaires 128 millions aux chemins de fer qui traversent le continent américain, 38 millions d’indemnité payés à la Russie pour l’acquisition du territoire d’Aliaska, 223 millions en remboursement de primes d’enrôlement, et 21 millions pour intérêts de titres échus avant le 1er novembre 1867, mais payés postérieurement à cette date, soit en tout 410 millions. Si le département financier n’avait eu à faire face qu’aux dépenses normales, celles-ci, au lieu d’excéder les recettes, seraient restées de 222 millions au-dessous. Du 1er novembre 1868 au 1er juin 1869, la dette a encore diminué de 27 millions, si l’on tient compte des obligations émises en faveur des lignes du Pacifique pendant cette période, et de 83 millions, si on les néglige. Avec cette dernière manière de calculer, la diminution totale depuis le 1er septembre 1865 est de 1,545 millions.
Notons en même temps que l’année 1868 a été une période de transformation politique et financière, que l’antagonisme entre les deux branches du gouvernement a paralysé le développement de la prospérité du pays. Le régime militaire maintenu dans les états du sud jusqu’à l’époque où ceux-ci ont accepté les conditions mises à leur réadmission dans l’association fédérale, la campagne dirigée contre les Indiens, ont été une source considérable de dépenses et ont empêché jusqu’à présent de remettre complètement l’armée sur le pied de paix.
Dès l’année 1868, le décroissement continu des revenus du trésor avait éveillé les préoccupations publiques. Le budget des recettes avait subi depuis 1866 une diminution de 30 pour 100. Ce chiffre correspondait sans doute dans une certaine mesure à celui des réductions opérées sur les impôts intérieurs. Toutefois les résultats obtenus indiquaient un affaiblissement des forces productives du pays ; il fallait y porter promptement remède. Qu’allait-on faire ? Les impôts écrasaient-ils la production ? Pouvait-on espérer que par une diminution des taxes on obtiendrait une augmentation de recettes ? Le malaise tenait-il à l’insuffisance de la circulation ou à la dépréciation du papier-monnaie ? Était-il vrai, comme le prétendaient quelques-uns, que la mission de percevoir l’impôt fût confiée à des mains infidèles ? Si l’on ne pouvait obtenir un accroissement de revenu, chercherait-on pour le moins à y suppléer par une