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Louvre. Elle possède une série de statues antiques copiées ou moulées, des reproductions de peintures célèbres, des médailles, des modèles d’architecture. Tous ces trésors d’art entassés sont autant de moyens d’éducation par les yeux.

On a divisé les élèves d’architecture en deux classes, et ils ne passent de l’une à l’autre qu’après avoir obtenu un certain nombre de mentions. Il n’y a point de classes dans les autres sections. Des concours sont établis non-seulement entre les élèves des ateliers de l’école, mais aussi avec ceux des ateliers du dehors. D’ordinaire on exige des concurrens une esquisse, puis un travail d’une exécution plus avancée. Les récompenses consistent en médailles et en indemnités d’argent ; elles sont quelquefois décernées par un jury dans lequel figurent les artistes lauréats des expositions des beaux-arts. Aux concours de fin d’année, on a essayé du suffrage universel direct. Les élèves constitués en jury se sont distribué les places. La pensée était bonne et témoignait d’un louable désir d’éviter jusqu’aux apparences d’un passe-droit. Comme la femme de César, il ne faut pas que l’administration puisse être soupçonnée. Il y avait lieu d’espérer que personne ne se plaindrait. Il n’en a pas été tout à fait ainsi, et il y a eu des récriminations assez amères. Ce n’est pas une raison de condamner un système libéral. N’oublions point qu’il faut un noviciat pour l’exercice de toute liberté.

Outre les médailles ordinaires, qui comportent trois degrés, l’école décerne un prix spécial connu sous le nom de grande médaille d’émulation, et réservé à l’élève peintre, sculpteur, architecte ou graveur qui a obtenu le plus de récompenses dans le courant de l’année. Une autre disposition, favorable aux élèves assidus, leur permet de consacrer à l’étude les heures même où les ateliers sont fermés. Des salles sont mises pendant la soirée à leur disposition ; mais, comme les locaux sont de dimensions restreintes, un examen est exigé. Il faut exécuter une figure d’après le modèle vivant ou d’après l’antique. La discipline de ces salles est assez sévère. Quant aux cours, qui sont professés durant cinq mois de l’année, du 1er novembre au 30 avril, on en accorde la libre entrée non-seulement aux élèves des ateliers et aux aspirans, mais encore à toute personne française ou étrangère qui, se livrant à l’étude d’une branche de l’art, a demandé au secrétariat une carte d’admission. Telle est la règle. Dans la pratique, les formalités sont moindres encore. On ne refuse guère, tant qu’il y a une place libre, l’entrée d’un cours quelconque. Quelques-uns ont été faits par des hommes de bonne volonté qui n’ont point de commission officielle et ne sont point rétribués. La plupart des professeurs néanmoins sont nommés par l’état à la chaire qu’ils occupent. Les programmes embrassent les mathématiques, la perspective, les sciences physiques, des notions